L’Autriche traverse une crise politique majeure après l’échec des trois partis traditionnels – ÖVP (conservateurs), SPÖ (sociaux-démocrates) et Neos (libéraux) – à former une coalition capable d’exclure l’extrême droite du pouvoir. Cet échec a ouvert la voie à Herbert Kickl, leader du FPÖ (extrême droite), grand vainqueur des législatives de septembre, où son parti a obtenu 29 % des voix.
Le chancelier conservateur Karl Nehammer a annoncé samedi sa démission prochaine, tant de son poste de chef du gouvernement que de la présidence de l’ÖVP, après avoir échoué à réunir une majorité stable. Il a qualifié cette incapacité de « chaos politique » et déploré l’impossibilité de bâtir une coalition centriste pour contrer les radicaux.
Christian Stocker, désigné chef intérimaire de l’ÖVP dimanche, a marqué un tournant stratégique en déclarant être prêt à entamer des négociations avec le FPÖ. Ce revirement met fin à l’opposition ferme de l’ÖVP à une alliance avec Herbert Kickl, autrefois qualifié de « danger pour la sécurité » par Karl Nehammer.
Le président autrichien, Alexander Van der Bellen, rencontrera Herbert Kickl ce lundi pour évaluer la situation. Bien qu’il ait exprimé des réserves envers le leader du FPÖ, sa position reflète l’évolution des rapports de force politiques. Selon les derniers sondages, le FPÖ est crédité de 35 % des intentions de vote, ce qui renforcerait encore sa domination en cas de nouvelles élections.
Deux scénarios sont désormais envisageables : une coalition entre l’ÖVP et le FPÖ, avec Herbert Kickl comme probable chancelier, ou des élections anticipées, qui pourraient également profiter à l’extrême droite. Dans les deux cas, l’extrême droite semble en position de force pour accéder au pouvoir.
Ce serait une première historique si le FPÖ dirigeait un gouvernement, les précédentes coalitions avec les conservateurs ayant toujours relégué l’extrême droite au rôle de partenaire junior. Une victoire annoncée dans les prochaines élections régionales du Burgenland pourrait également servir de tremplin symbolique pour Herbert Kickl vers la chancellerie.