À l’aube du 11 novembre 1918, alors que l’Armistice était déjà signé mais non encore appliqué, Augustin Trébuchon, un berger de Lozère devenu soldat, tombait sous les balles près de Vrigne-Meuse dans les Ardennes. Cet ultime sacrifice, intervenant à 10h50, soit dix minutes avant le cessez-le-feu officiel, est au cœur de la série documentaire Le Der des ders, diffusée ce dimanche 10 novembre dans l’émission 13h15 le Dimanche sur France 2. En suivant les traces de cet agent de liaison, le réalisateur Romain Potocki dresse un portrait poignant de ce poilu qui, sans famille ni descendance, incarne la mémoire collective des 1,5 million de soldats français tombés durant la Grande Guerre.
À travers des aquarelles émouvantes et des témoignages d’historiens et de descendants de ses compagnons d’armes, le documentaire plonge le spectateur dans le quotidien des soldats des tranchées. Augustin Trébuchon, 40 ans, qui parcourait le front pour transmettre des messages vitaux, incarne, pour les auteurs, l’absurdité de ce conflit où des soldats ont continué à risquer leur vie jusqu’au dernier instant. Les témoignages recueillis et les archives illustrées révèlent des fragments de l’histoire de Trébuchon et de ses camarades, mis en lumière pour honorer ces « héros invisibles » de 14-18.
En retraçant le parcours d’un soldat anonyme, Le Der des ders révèle une réalité plus large : celle des vies brisées et des sacrifices d’une génération entière. Ce choix narratif, de raconter la Grande Guerre par le biais d’un soldat ordinaire tombé au seuil de la paix, s’inscrit dans la volonté de rendre hommage à l’ensemble des poilus sacrifiés. Ce documentaire se veut à la fois un acte de mémoire et un hommage, témoignant de la brutalité des batailles mais aussi de la dignité de ces hommes, arrachés à leur quotidien pour traverser quatre ans de guerre impitoyable.