Les sept péchés capitaux, ces miroirs de nos faiblesses : les connaissez-vous vraiment ? Pas sûr ? Alors, il est grand temps de plonger aux racines du mal en découvrant « Hôtel 7 » au théâtre Clavel. Cette pièce, co-écrite par Marie Fournet et Marie-Gabrielle Pelissie du Rausas décline avec mordant les sept péchés sous forme de saynètes saisissantes. Dans un hôtel mystérieux et hors du temps, les personnages se retrouvent prisonniers de leurs propres passions. Drôles et poignantes, leurs histoires interrogent le spectateur : qui porte la faute, quelle lutte les traverse, et quel péché commettent-ils ?
La mise en scène rythmée et presque onirique brouille habilement les frontières entre le rêve et la réalité, confrontant le spectateur à ses propres jugements moraux. L’une des scènes les plus marquantes, consacrée à la paresse, est un bel exemple de cette alchimie. Très bien orchestrée et magnifiquement jouée par tous les comédiens, elle s’impose comme une véritable apothéose. La paresse y est représentée au sein d’une start-up où, sous l’influence d’une figure particulièrement indolente, les salariés abandonnent peu à peu leurs tâches, victimes de la contagion du désengagement. Mais au-delà de cette vision, la scène critique subtilement l’absurdité des organisations modernes, où les tâches vides de sens érodent peu à peu le goût de l’effort. Par ailleurs une danse collective réussit l’exploit de donner un élan chorégraphique à ce vice insidieux. Le même procédé, mêlant dialogues et danse, est utilisé pour d’autres péchés, comme la luxure, avec une efficacité tout aussi frappante.
Au terme des sept péchés, un rebondissement inattendu au détour d’une huitième scène vient bousculer ces certitudes et réaffirme une question centrale : la liberté peut-elle triompher de nos penchants les plus sombres ? Avec une tension dramatique soigneusement dosée, ce spectacle explore les méandres de l’âme humaine, entre poésie et philosophie.
Les sept péchés capitaux : miroirs des passions humaines
Ce spectacle donne l’occasion de méditer sur ces penchants profondément humains. Les sept péchés capitaux — orgueil, gourmandise, paresse, luxure, avarice, colère et envie — incarnent les failles universelles de la condition humaine, ces désirs et excès qui nous hantent, nous fascinent, et parfois nous consument. Ils ne désignent pas, comme on pourrait le croire, les fautes les plus graves, mais les racines de tous les autres vices. Codifiés par l’Église au Moyen Âge sous l’influence de penseurs comme Thomas d’Aquin, ces péchés plongent leurs racines dans des croyances bien plus anciennes. Chez les Assyriens et Babyloniens, par exemple, ils étaient perçus comme l’œuvre de sept démons, incarnés tour à tour en bêtes sauvages ou en forces dévorantes tourmentant l’humanité.
Un motif intemporel dans l’art
De la mythologie antique à l’art contemporain, les péchés capitaux sont devenus un thème central dans les créations artistiques. Au XVe siècle, Jérôme Bosch, dans ses visions hallucinées comme « Les Sept Péchés Capitaux », dévoile des scènes grotesques et foisonnantes, où l’humanité se débat contre ses propres monstres intérieurs. Baudelaire au XIXe siècle, dans son recueil « Les Fleurs du Mal », transforme ces vices en élans poétiques, mêlant fascination et mélancolie. Dante, avec « La Divine Comédie », explore quant à lui les cercles infernaux et les purgatoires de l’âme humaine, inscrivant chaque péché dans une cosmogonie morale complexe. Plus près de nous, le cinéma s’empare également de ce thème : dans « Seven » (1995) réalisé par David Fincher, un tueur en série érige les péchés capitaux en justification morbide de ses crimes, offrant un beau thriller psychologique.
Ces œuvres témoignent de l’intérêt intemporel pour ces failles universelles, un reflet sombre mais nécessaire de notre humanité. À travers le théâtre, la peinture, la poésie et le cinéma, les sept péchés capitaux continuent d’interroger, fasciner et troubler, affirmant leur place dans l’imaginaire collectif occidental.
Ne ratez donc pas “Hôtel 7”, au théâtre Clavel jusqu’au 22 janvier 2025, une pièce qui s’est lancée à Avignon en 2023 et qui connaît un beau succès.