L’exposition S’habiller en artiste, présentée jusqu’au 21 juillet 2025 au Louvre-Lens, propose une relecture originale de l’histoire de l’art à travers le prisme du vêtement. En réunissant plus de 200 pièces, de l’Antiquité à nos jours, le musée interroge la manière dont les artistes construisent leur image à travers leur tenue, autant dans leur représentation que dans leur pratique quotidienne. Une mise en scène dense et thématique, portée par la directrice du musée Annabelle Ténèze et Olivier Gabet, directeur du département des objets d’art au Louvre, met en lumière la puissance évocatrice de l’habit, entre outil de travail, costume symbolique et œuvre à part entière.
Autoportraits, ateliers et métamorphoses textiles
Le parcours s’articule autour de deux axes : la tenue dans l’atelier, souvent fonctionnelle, et celle portée ou stylisée pour l’autoportrait, ancrée dans la représentation de soi. Ainsi, la blouse de Rosa Bonheur, les godillots éclaboussés de Claire Tabouret ou encore le chapeau de protection de Niki de Saint Phalle sont exposés aux côtés des costumes flamboyants de Rembrandt ou de l’évocation antique de Marie-Nicole Vestier. Dans la même salle, une robe de Dior ou une pièce de Saint Laurent inspirée de Braque démontrent comment la mode puise aussi dans l’imaginaire des artistes.
Certains objets détournent même la fonction vestimentaire : Salvador Dalí présente un “veston aphrodisiaque” garni de godets à remplir de liqueur, tandis que la Japonaise Atsuko Tanaka imagine une robe composée d’ampoules clignotantes. Ces pièces montrent que le vêtement peut être une extension directe de la démarche artistique, une œuvre mobile et signée.
Femmes artistes et ancrage territorial au cœur de l’exposition
L’exposition accorde une attention particulière à la place des artistes femmes dans cette histoire du vêtement. Le parcours rend hommage à Sonia Delaunay, pionnière dans le dialogue entre art et mode, ou encore à la jeune créatrice afghane Rada Akbar, exilée à Paris, dont les parures de papier sont exposées pour la première fois. Le musée affirme aussi son ancrage local : cinq établissements scolaires et professionnels des Hauts-de-France ont été mobilisés pour concevoir des outils de médiation sur-mesure, mettant à l’honneur les savoir-faire textiles régionaux.
Pensée comme un écho à l’exposition Louvre Couture actuellement présentée à Paris, S’habiller en artiste s’inscrit dans une volonté de faire dialoguer art et apparence. Ici, une tache de peinture sur un pantalon ou le choix d’une toge rouge devient un geste artistique. Le vêtement devient langage, matière de création et mémoire incarnée.