Alors qu’il avait affirmé devant les caméras de BFM TV n’être au courant de rien, Jawad Bendaoud, le logeur des terroristes des attaques de Paris, a affirmé aux enquêteurs avoir eu des soupçons mais avoir agit par cupidité.
C’est une version bien loin de ses propos tenus devant les caméras de BFMTV que Jawad Bendaoud a livré aux enquêteurs. Le 18 novembre au matin, l’assaut contre un appartement de Saint-Denis – la planque d’Abdelhamid Abbaoud, cerveau présumé des attentats de Paris – est retransmis en direct à la télévision. Jawad, propriétaire autoproclamé de l’appartement apparaît alors spontanément devant les caméras de BFMTV pour se livrer à une plaidoirie : « j’étais pas au courant que c’était des terroristes. On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service ! Si je savais, vous croyez que je les aurais hébergés ? » Des déclaration qui avait valu au logeur des terroristes une salve de parodies hilarantes sur les réseaux sociaux.
À l’issue de sa garde à vue, l’homme de 29 ans sera mis en examen pour association de malfaiteurs criminelle en relation avec une entreprise terroriste. Et devant les enquêteurs, Jawad livrera une toute autre version, selon le dossier consulté par le journal Le Monde.
S’il a accueilli en personne Abdelhamid Abaaou, sa cousine Hasna Aït Boulhacen et un troisième terroriste encore non identifié vers 22h30 la veille de l’assaut, le logeur de Saint-Denis assure ne pas avoir identifié le cerveau des attentats de Paris. Il admet pourtant avoir regardé des vidéos du djihadiste lors de son séjour en prison entre 2008 et 2013 : « Tout le monde regardait des vidéos de lui en prison. Vous croyez que je lui aurait loué mon appartement sur je l’avais reconnu ? » s’est-il défendu.
Marchand de sommeil, Jawad loue son appartement aux gens de passage, comme des dealers, des proxénètes ou des migrants, moyennant 50 euros la nuit. Et après avoir nié devant les enquêteurs, le logeur finira par admettre avoir fait un lien avec les terroristes en cavale : « J’ai douté, il y avait un truc pas clair. Mais je ne vais pas prendre vingt ans pour ça. Je m’en doutais mais je voulais l’argent. »
Des éléments troublants du dossier laissent cependant penser que Jawad Bendaoud était proche des terroristes : le 3 novembre, le jeune homme a été appelé par un portable belge repéré à proximité des lieux des attentats.
Enfin, décrit comme « radicalisé » par un ancien codétenu, le logeur nie les faits, avouant une consommation régulière d’alcool, de cannabis et de cocaïne. Il reconnaitra cependant avoir un jour laissé entendre qu’il pourrait s’inspirer des meurtres de Mohamed Merah : « J’y ai peut-être pensé en prison, mais une fois sorti, tout est sorti de ma tête ». assure-t-il aujourd’hui.