Ce jeudi soir, la cour d’assises spéciale de Paris doit rendre son verdict dans le procès de Peter Cherif, accusé d’avoir joué un rôle clé dans l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015. Le ministère public a requis la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans pour celui qu’ils qualifient d’« architecte » de cette attaque, ayant fait 12 victimes.
Depuis le début du procès le 16 septembre, Peter Cherif, 42 ans, a été jugé pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » entre 2011 et 2018, période durant laquelle il a rejoint Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) au Yémen. C’est dans ce cadre que l’accusation lui reproche d’avoir formé Chérif Kouachi, un de ses amis d’enfance, à l’attentat du 7 janvier 2015 contre le journal satirique. Malgré la revendication de l’attaque par AQPA, Peter Cherif a nié toute implication directe dans l’attentat, se retranchant souvent dans le silence durant les débats.
Au cours du procès, les avocats généraux ont dressé le portrait d’un « jihadiste intégral », soulignant son rôle de « pierre angulaire » dans la préparation de l’attentat. Cherif était, selon eux, le seul Français membre de l’AQPA au moment où l’organisation est devenue de plus en plus obsédée par Charlie Hebdo. Ils ont aussi rappelé sa participation à l’enlèvement de trois humanitaires français au Yémen en 2011, pour lequel il a reconnu un rôle, mais en minimisant son implication.
La défense de Peter Cherif a dénoncé un « procès truqué », soulignant que leur client n’était pas poursuivi pour « complicité d’assassinat », mais pour une infraction plus générale d’association de malfaiteurs, une qualification qu’ils jugent trop vague. Me Nabil El Ouchikli a estimé que le ministère public cherchait avant tout à « éliminer Peter Cherif », en l’associant aux attentats de janvier 2015 sans preuve directe de son implication dans les assassinats.
La cour rendra son verdict dans la soirée, après trois semaines de procès marqués par des tensions et des débats vifs sur la responsabilité de Peter Cherif dans l’une des attaques les plus marquantes de ces dernières années.