Le général Igor Kirillov, chef des forces de défense radiologique, chimique et biologique de l’armée russe, a été tué dans une explosion survenue tôt mardi matin à Moscou. L’attaque a également coûté la vie à son assistant personnel.
D’après les premières informations disponibles, un engin explosif aurait été dissimulé sur une trottinette électrique stationnée près de l’entrée de l’immeuble où résidait Kirillov, situé rue Ryazansky, dans l’est de la capitale. L’explosion s’est produite aux alentours de 6 heures du matin, alors que le général et son assistant quittaient leur domicile. Les autorités locales ont immédiatement bouclé la zone et lancé une enquête pour déterminer les auteurs de l’attaque.
Les autorités russes n’ont pas encore désigné de responsables ni précisé les circonstances exactes de l’incident, mais cette attaque s’inscrit dans un contexte d’intensification des actions visant des personnalités militaires de haut rang en Russie. Elle intervient alors que le pays est confronté à de multiples pressions, aussi bien internes qu’externes, notamment en lien avec la guerre en Ukraine.
Igor Kirillov, 54 ans, était une figure centrale de l’armée russe depuis sa nomination en 2017. À la tête des forces de défense radiologique, chimique et biologique, il supervisait l’une des unités les plus sensibles de l’armée, chargée notamment de prévenir et de répondre à d’éventuelles attaques chimiques, biologiques ou radiologiques.
Régulièrement en première ligne dans les communications du ministère russe de la Défense, Kirillov s’était fait connaître pour ses accusations répétées à l’encontre des États-Unis et de l’Ukraine. Lors de conférences de presse très médiatisées, il dénonçait les “laboratoires biologiques” financés par le Pentagone sur le territoire ukrainien, accusant Washington de développer des armes biologiques en vue d’une utilisation contre la Russie. Il évoquait également la menace d’une “bombe sale”, un dispositif radiologique explosif qu’il imputait à des projets ukrainiens.
Ces déclarations lui avaient valu d’être placé sur les listes de sanctions occidentales à la suite de l’invasion russe en Ukraine en février 2022.
Le Comité d’enquête russe, principal organe chargé des investigations criminelles, a confirmé la mort d’Igor Kirillov et de son assistant. Une enquête a été ouverte pour acte terroriste.
L’attaque soulève des questions quant à la sécurité des hauts responsables militaires à Moscou, alors que des actes similaires se sont multipliés ces derniers mois. Selon Novaya Gazeta Europe, des services de sécurité russes envisagent plusieurs pistes, allant d’une action de groupes ukrainiens à celle d’opposants internes. Certains analystes rappellent également des tensions croissantes au sein de l’appareil militaire russe, accentuées par la durée du conflit ukrainien.
Pour Tatiana Stanovaya, analyste au Carnegie Russia Eurasia Center, la mort de Kirillov est symbolique :
“Il était la voix de la Russie lorsqu’il s’agissait de dénoncer des menaces chimiques ou biologiques. Sa disparition fragilise la communication militaire russe sur ces sujets sensibles.”
Alors que Moscou accuse régulièrement ses adversaires occidentaux d’orchestrer des sabotages et des attaques ciblées, cette explosion pourrait marquer un nouveau tournant dans la guerre informationnelle et les opérations en coulisses qui opposent la Russie à ses rivaux.
Le Kremlin n’a pour l’instant pas réagi officiellement, mais une annonce de Vladimir Poutine ou du ministère de la Défense est attendue pour clarifier la position russe face à cet événement.