Arrêt sur images, Mondafrique, Le Monde… un bien étrange petit manège sur fond d’ingérence étrangère

27 septembre, 2024 / Entrevue

Depuis sa fondation, le site Arrêt sur images, créé en 2007 par Daniel Schneidermann, ex-présentateur de la défunte émission de télé du même nom, a un credo immuable : «La critique média en toute indépendance.» Si indépendance n’est pas synonyme de neutralité ( créer la confusion entre ces deux mots est bien pratique pour les médias qui tirent toujours dans la même direction ), Arrêt sur images veut véhiculer la réputation d’un site droit dans ses bottes. Question de crédibilité.

Preuve de cette bonne intention de façade : en 2016, Arrêt sur images s’était fièrement vanté d’avoir remboursé la TVA qu’il avait volée à l’État ( et donc le contribuable ), après avoir été condamné en 2015 à un redressement fiscal de 540 000 euros. Après tout, comme on dit, faute avouée, faute à moitié pardonnée. En difficulté suite à sa bêtise, le site avait au passage lancé un appel aux dons. Faire payer aux Français l’argent qu’on leur a volé tout en passant pour le chevalier blanc victimaire faisant acte de repentance et de contrition : la méthode est astucieuse…

Autre signe extérieur destiné à afficher sa probité : Arrêt sur images publie sur son site la déclaration d’intérêts de ses journalistes. Un cachet reçu pour animer un séminaire ? Une somme perçue pour participer à une conférence ? Une présence dans une école de journalisme ? Chaque rédacteur doit indiquer toutes ses activités extérieures ( mais sans pour préciser la rémunération touchée). Les activités sont-elles réellement toutes indiquées ? On ose imaginer que oui… En tout état de cause, le but est clair : afficher une déontologie exemplaire.

Acte de repentance, volonté de transparence… Face à tant d’efforts pour affirmer indépendance, probité et honnêteté intellectuelle, on se dit que Arrêt sur images est bien sous tous rapports, et que les enquêtes qu’il publie sont réalisées avec impartialité et la déontologie la plus totale. Sauf qu’en creusant, ne serait-ce qu’un tout petit peu, le vernis a tendance à très vite s’effriter. 

Laver publiquement son linge plus blanc que blanc, c’est à première vue louable. Sauf qu’à trop vouloir laver son linge, le risque est qu’il en devienne transparent, pour reprendre un célèbre sketch de Coluche. Voire même troué…

Arrêts sur images serait-il aussi irréprochable qu’il aime à le faire penser ? Rien n’est moins certain… Un exemple très récent des méthodes employées pose en tout cas beaucoup de questions…

Le mercredi 18 septembre dernier, alors qu’Omar Harfouch donnait son ‘Concerto pour la paix’ au théâtre des Champs-Élysées, certains médias ( dont Le Monde, Mondafrique et Arrêt sur images ) se sont lancés dans une cabale médiatique en vue de nuire gratuitement à l’homme d’affaires, pianiste et compositeur. Avec plusieurs points communs assez troublants : des insinuations diffamatoires sans fondement dénuées d’arguments ou de preuves, destinées à jeter gratuitement l’opprobre sur le concert, des méthodes faisant fi de toute déontologie ou, plus troublant encore, des similitudes très étranges dans les différents articles, que ce soit dans les titres, les questions posées ou les attaques, qui semblent assez bizarrement venir d’un même « commanditaire »…

Ainsi, dans un article publié sur Arrêt sur images par Loris Guémart, le lendemain du concert, on peut lire «L’étrange médiatisation d’Omar Harfouch», quand dans le même temps, Le Monde publiait «L’étrange partition d’Omar Harfouch». Mais les similitudes ne s’arrêtent pas là.

Dans son sujet, Loris Guémart reprend une par une les attaques diffamatoires du Monde et surtout de Mondafrique, diffusées la veille, le 18 septembre. À se demander si sur ce sujet, Arrêt sur images et Mondafrique avaient le même directeur de publication, tant le copier-coller saute aux yeux… Y aurait-il un commanditaire à l’origine de cette cabale, dont Arrêt sur images, qui se prétend indépendant, aurait pris le relai ? La question est posée.

Et justement, en parlant de l’article initial publié par Mondafrique, dont les arguments ont été repris par Arrêt sur images, il y a un hic. Et il est de taille. Après avoir réalisé sa contre-enquête, Entrevue a dévoilé le 24 septembre les coulisses de Mondafrique, révélant que des intérêts puissants dictaient sa ligne éditoriale, et qu’à travers Mondafrique et d’autres supports, ces financiers orchestraient des campagnes médiatiques pour protéger leurs intérêts et mener des campagnes de déstabilisations de leurs opposants économiques et politiques, brouillant la frontière entre journalisme et influence. 

Suite à ces révélations d’Entrevue, Mondafrique, dont s’était inspiré Arrêt sur images, a retiré son article, sans doute pour éviter un procès en diffamation. Loris Guémart, auteur du sujet sur Arrêt sur images, en a été informé, et a dit qu’il tiendrait compte de cette rétractation de Mondafrique. Le fera-t-il vraiment ? On attend toujours, et on peut se permettre d’en douter, au vu de ses méthodes : ce dernier avait contacté Omar Harfouch seulement quelques heures avant le concert, ne laissant pas réellement la possibilité au pianiste de répondre. Une méthode bien huilée pour se donner une bonne conscience journalistique…

L’article aurait-il été différent ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il qu’en reprenant aveuglément les arguments diffamatoires de Mondafrique, site qui fait preuve d’ingérence étrangère, Arrêts sur images, qui se gargarise d’être indépendant, s’est rendu ni moins complice de cette ingérence étrangère.

Comme le dirait le dicton africain, et dont ferait bien de s’inspirer Arrêt sur images : «Quand le singe veut monter au cocotier, il faut qu’il ait les fesses propres.»