Arnaud Montebourg appelle à la mobilisation pour la réindustrialisation française

Dans une interview accordée à Le Point, l’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg, aujourd’hui entrepreneur, critique le projet de vente d’Opella, filiale de Sanofi produisant le célèbre Doliprane, à un fonds d’investissement américain. Il met en garde contre les risques pour la souveraineté sanitaire française, notamment en matière de rupture d’approvisionnement de médicaments essentiels.

Montebourg, connu pour son engagement en faveur du « made in France », dénonce l’accélération des délocalisations dans le secteur pharmaceutique, qui selon lui met en péril la santé publique. En 2023, près de 37 % des Français ont été confrontés à des pénuries de médicaments critiques. Il rappelle qu’une stratégie avait été initiée par l’État pour relocaliser la production de paracétamol en France, mais que la vente à des intérêts étrangers pourrait mettre en danger cette avancée.

Préserver les intérêts français

Face à cette situation, Montebourg propose une solution claire : bloquer la vente d’Opella aux Américains et favoriser l’offre concurrente de PAI Partners, un investisseur français. Il insiste sur l’importance de conserver le contrôle national sur des produits stratégiques comme le Doliprane, en appelant à une meilleure mobilisation de l’épargne nationale pour financer l’industrie française.

Montebourg se montre sceptique quant à l’idée de nationaliser Opella, proposée par certains élus de gauche. Il préconise plutôt une entrée partielle de l’État au capital de l’entreprise, en partenariat avec un acteur français. Selon lui, la France doit également mieux aligner les politiques de santé publique et de réindustrialisation.

Pour relancer l’industrie en France, Montebourg fixe des objectifs ambitieux : relocaliser 4 à 5 points de PIB industriel sur dix ans, soit 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, en investissant 30 milliards par an. Il appelle à la mobilisation des PME françaises, regrettant que les politiques actuelles ne soutiennent pas suffisamment ces acteurs, pourtant essentiels à la réindustrialisation des territoires.

Montebourg critique également la politique économique d’Emmanuel Macron, notamment la baisse de l’impôt sur les sociétés qu’il juge mal orientée. Selon lui, il aurait mieux valu baisser les impôts de production pour encourager le travail.

En ce qui concerne la gauche, Montebourg exprime des réserves quant au programme du NFP, qualifiant certaines mesures d’« irréalistes » et d’économiquement suicidaires. Il partage les critiques formulées par Bernard Cazeneuve sur le manque de crédibilité de cette nouvelle gauche en tant que force de gouvernement.

Un engagement entrepreneurial solide

Depuis sa sortie de la vie politique, Montebourg a construit un empire entrepreneurial valorisé à 15 millions d’euros, investi dans plusieurs secteurs, dont le miel, les amandes, le nucléaire et le ferroviaire. S’il est attaché à son rôle d’entrepreneur, il ne manque pas de rappeler que sa priorité reste la défense des intérêts français et la réindustrialisation.

En conclusion, Montebourg encourage Michel Barnier à rester ferme dans ses convictions face aux défis actuels, soulignant leur objectif commun de défendre l’intérêt national.

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