Arménie et Azerbaïdjan : un traité de paix proche malgré les tensions constitutionnelles

27 septembre, 2024 / Entrevue

Lors de son discours à la tribune de l’ONU, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a affirmé que la paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan était désormais “à portée de main”. Il a souligné des avancées significatives dans les discussions avec Bakou depuis un an, malgré des tensions persistantes. Les deux pays, qui se sont affrontés à plusieurs reprises pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh, sont aujourd’hui d’accord sur 80 % des points d’un potentiel traité de paix, selon Pachinian.

Cette déclaration marque un contraste net avec la situation de l’an dernier. En septembre 2023, l’Azerbaïdjan avait mené une offensive éclair pour reprendre le contrôle du Haut-Karabakh, une enclave historiquement peuplée majoritairement d’Arméniens. L’attaque, survenue pendant l’Assemblée générale de l’ONU, avait provoqué l’exode de près de 120 000 Arméniens, sous les yeux impuissants des médiateurs occidentaux, notamment américains et français.

Malgré la profondeur des blessures causées par ce conflit, Pachinian a insisté sur la nécessité de se concentrer sur la paix, la décrivant comme “la seule vérité compréhensible pour les peuples d’Arménie et d’Azerbaïdjan”. Il a proposé d’ouvrir les liaisons de transport entre son pays, l’Azerbaïdjan et la Turquie, une concession clé pour tenter d’avancer vers un accord. Il a également réitéré l’engagement de l’Arménie à garantir la sécurité des passages sur son territoire, évoquant la possibilité de transformer la région en un “carrefour de paix”.

Cependant, des obstacles demeurent. L’Azerbaïdjan demande que l’Arménie modifie sa Constitution, qui fait référence à un traité de réunification avec le Haut-Karabakh. Une telle modification nécessiterait un référendum, un processus long et incertain que certains diplomates occidentaux perçoivent comme une manœuvre de Bakou pour retarder les négociations.

Bakou, fort de ses ressources énergétiques et de son alliance militaire avec la Turquie, semble en position de force. Pourtant, la pression internationale s’intensifie pour qu’un accord soit conclu rapidement, notamment à l’approche de la COP29, que l’Azerbaïdjan accueillera en novembre.

Lors d’une rencontre à New York, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a encouragé les deux parties à poursuivre leurs efforts pour finaliser l’accord dans les plus brefs délais, soulignant l’importance d’une résolution pacifique de ce conflit qui dure depuis des décennies.