L’Argentine, cinq mois après l’entrée en fonction du président ultralibéral Javier Milei, se trouve à nouveau secouée par une grève générale, la deuxième en un laps de temps si court. Cette action, prévue pour jeudi, se présente comme une manifestation de grande ampleur contre les politiques d’austérité et les réformes libérales du gouvernement en place. Cette mobilisation, organisée par plusieurs syndicats majeurs, dont la puissante CGT péroniste, vise à dénoncer un « ajustement brutal » et à défendre les droits du travail, syndicaux et un salaire décent pour les travailleurs argentins.
La capitale Buenos Aires devrait ressentir les effets de cette grève pendant 24 heures, avec la paralysie attendue des transports en commun. Ni trains, ni bus, ni métro ne devraient être en service, affectant les quelque 3 millions de personnes qui transitent quotidiennement par la ville. En outre, environ 400 vols seront annulés, impactant plus de 70 000 passagers, selon l’Association latino-américaine du transport aérien.
Le gouvernement de Milei réagit en qualifiant cette grève de « strictement politique », arguant que les syndicats tentent de saboter un gouvernement à peine élu, allant à l’encontre de la volonté exprimée par le peuple lors des élections récentes. Malgré les critiques et les manifestations, Milei maintient un niveau de soutien, avec des sondages récents montrant une image positive oscillant entre 45 et 50%. Cependant, certains experts soulignent que la réalité économique et sociale du pays reste précaire, avec une inflation encore significative et des niveaux de pauvreté atteignant des sommets inquiétants.
Pendant ce temps, Milei semble traverser un processus d’apprentissage politique, montrant une certaine flexibilité dans la pratique tout en maintenant un discours agressif et en poursuivant ses réformes dérégulatrices. Les économistes, même parmi les libéraux, s’inquiètent de l’absence de plan clair pour l’avenir, craignant que l’accent mis sur l’inflation et l’ajustement ne finisse par peser lourdement sur les secteurs les plus vulnérables de la société.
Alors que le pays se trouve à la croisée des chemins entre la poursuite de l’austérité et un mécontentement croissant de la population, l’issue de cette confrontation entre gouvernement et citoyens reste incertaine. Ce qui est certain, c’est que la capacité de résistance des ajustés pourrait bien définir les limites de l’ajustement lui-même. La question qui reste en suspens est de savoir si la voix des travailleurs argentins sera suffisante pour infléchir la trajectoire du gouvernement ou si Milei restera imperturbable dans sa vision de réforme radicale.