Le célèbre cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, dont le dernier film « The Seed of the Sacred Fig » sera présenté au festival de Cannes, fait face à une situation critique alors qu’il a été condamné à une peine de cinq ans de prison par un tribunal iranien, selon les informations communiquées par son avocat, Me Babak Paknia. Cette sentence, qui comprend également des coups de fouet, une amende et la confiscation de ses biens, a été révélée dans des messages postés sur X, après que le verdict n’ait pas été relayé par les médias officiels iraniens.
L’affaire a suscité l’indignation de la communauté internationale, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les artistes en Iran. Le réalisateur, âgé de 52 ans, avait été arrêté en juillet 2022 pour son soutien présumé à des manifestations survenues après l’effondrement tragique d’un immeuble ayant entraîné la mort de plus de 40 personnes dans le sud-ouest de l’Iran.
Malgré son succès indéniable sur la scène cinématographique mondiale, avec des distinctions telles que le prix Un Certain Regard à Cannes en 2017 pour « Un Homme Intègre » et l’Ours d’or au festival de Berlin en 2020 pour « Le Diable n’Existe Pas », Rasoulof a été confronté à des obstacles persistants dans son propre pays. Son engagement artistique et ses prises de position courageuses contre l’injustice ont souvent été réprimés par les autorités, le conduisant à des périodes d’emprisonnement et d’interdictions de voyager.
Cette nouvelle condamnation soulève des questions fondamentales sur la liberté artistique en Iran et sur le sort des cinéastes indépendants qui osent défier le statu quo. Rasoulof, tout comme d’autres figures emblématiques du cinéma iranien telles que Jafar Panahi, a été contraint de faire face à des pressions constantes, à des restrictions de mouvement et à des représailles pour avoir exercé son métier avec intégrité et engagement.
La situation est d’autant plus alarmante avec la condamnation récente du rappeur Toomaj Salehi à mort par le tribunal révolutionnaire d’Ispahan. Toomaj Salehi, également connu sous son prénom comme nom de scène, a été arrêté en octobre 2022 et condamné pour « corruption sur terre ». Son implication dans le mouvement de contestation déclenché par la mort tragique de Mahsa Amini en septembre 2022, détenue pour avoir enfreint le strict code vestimentaire imposé aux femmes, a été citée comme l’une des raisons de sa condamnation à mort.
Cette décision a provoqué une indignation internationale et des protestations vigoureuses à travers le monde. De plus, les soutiens de Toomaj ont signalé sur les réseaux sociaux que les autorités iraniennes ont privé le rappeur de communications téléphoniques. Selon les informations partagées, Toomaj Salehi, âgé de 33 ans, est désormais isolé de sa famille et du monde extérieur, sa permission de téléphoner ayant été supprimée dans la prison Dastgerd d’Ispahan.
La situation est exacerbée par le fait que tous les prisonniers de Dastgerd ont reçu l’interdiction de lui parler, sous peine de punitions sévères. Cette privation de contact et cette pression psychologique constituent une grave atteinte à ses droits fondamentaux et soulèvent des préoccupations quant à la justice et à l’équité du système judiciaire en Iran.
Ces événements récents soulignent la nécessité de défendre la liberté artistique et d’exiger la libération de Mohammad Rasoulof et de Toomaj Salehi, ainsi que de tous les artistes persécutés pour avoir exprimé leur créativité et leurs opinions.