Trois jours après l’évacuation des jeunes migrants qui occupaient la Gaîté lyrique depuis décembre, la direction du centre culturel parisien affirme sa volonté de relancer l’activité artistique du lieu au plus vite. Si les locaux, temporairement fermés, nécessitent quelques remises en état, la directrice Juliette Donadieu se veut déterminée à “remettre le bâtiment en ordre de marche” et à réaffirmer la mission culturelle et sociale de l’établissement. Une réunion de travail est prévue avec les équipes le 21 mars pour envisager une reprise progressive de la programmation.
Mais derrière cette volonté de rebondir, les salariés expriment aussi leur désarroi face à l’expulsion des 450 jeunes migrants, dont une partie affirme être mineure. Selon la directrice, interrogée par franceinfo et Le Parisien, la Gaîté lyrique s’est opposée à toute expulsion “sans mise à l’abri”, insistant durant les trois mois d’occupation pour que des solutions d’accueil soient proposées. Mardi 18 mars, l’intervention policière a mis fin à l’occupation sans qu’un hébergement ne soit systématiquement proposé. Selon la préfecture, seuls six jeunes auraient accepté une solution d’urgence. Le Collectif des jeunes du parc de Belleville, quant à lui, avance que plus de vingt migrants auraient reçu des obligations de quitter le territoire (OQTF).
Alors que la mairie de Paris et la préfecture de région se renvoient la responsabilité du sort de ces jeunes, des élus écologistes ont dénoncé un manque de solidarité. Dans un communiqué, ils regrettent que “la Ville n’ait rien proposé” aux jeunes exilés, alors même que Paris se présente comme une ville refuge. Pour Juliette Donadieu, si l’occupation a contraint les équipes à exercer leur droit de retrait depuis le 28 février, la solidarité est restée une priorité. Aujourd’hui, la directrice souhaite réconcilier son engagement social avec la reprise des activités artistiques. Mais les conditions de cette relance restent suspendues à l’évolution du climat politique et humanitaire autour de ce lieu emblématique du 3e arrondissement.