Les initiatives mises en place pour promouvoir la diversité dans les recrutements chez Google ont officiellement pris fin hier. Cette décision s’inscrit dans une tendance plus large observée parmi de nombreuses grandes entreprises américaines, notamment Disney, McDonald’s, Ford et Meta. Ces retraits progressifs s’alignent avec une politique soutenue par l’administration de Donald Trump, qui, dès son retour à la présidence, a signé un décret exécutif interdisant les programmes de Diversité, Équité et Inclusion (DEI) au sein de l’État fédéral.
Le rapport annuel publié mercredi par Alphabet, la maison mère de Google, a révélé un changement notable : la suppression d’une déclaration présente depuis 2021 affirmant l’engagement de l’entreprise en faveur de la diversité et de l’inclusion. Ce revirement fait écho à une série d’abandons similaires au sein d’autres entreprises sous la pression des milieux conservateurs et de décisions judiciaires récentes. En 2023, un arrêt de la Cour suprême des États-Unis a mis fin aux politiques de discrimination positive dans les admissions universitaires, fournissant ainsi un argument légal aux entreprises souhaitant revoir leurs initiatives DEI.
Historiquement, les programmes de diversité et d’inclusion trouvent leurs racines dans le mouvement des droits civiques des années 1960. Leur objectif est d’encourager une égalité des chances en prenant en compte différents critères, tels que l’origine ethnique, le genre, le handicap, l’orientation sexuelle ou encore l’expérience militaire. Toutefois, ces politiques ont fait l’objet de critiques croissantes de la part de certains milieux politiques et économiques, dénonçant une approche perçue comme discriminatoire envers certains groupes.
Ce débat a été relancé récemment par des figures influentes de la Silicon Valley. Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a exprimé son scepticisme à l’égard des initiatives DEI dans un podcast conservateur en janvier dernier, déclarant que « notre société est devenue castrée, en quelque sorte, ou émasculée ». De son côté, un porte-parole de Google a assuré que l’entreprise restait engagée à offrir des opportunités égales à ses employés et que les changements apportés à son rapport annuel reflétaient cette volonté. Il a précisé que, en tant que sous-traitant fédéral, Alphabet évaluait les ajustements nécessaires en réponse aux récentes décisions judiciaires et aux directives gouvernementales.
Cependant, toutes les grandes entreprises américaines ne suivent pas cette tendance. Début janvier, Apple a rejeté une proposition d’actionnaires visant à mettre un terme à ses programmes DEI, réaffirmant son engagement envers la diversité et l’inclusion.
Avec plus de 183 000 employés dans le monde, Alphabet a toutefois progressé en matière de diversité ces dernières années. Selon son rapport 2024, les femmes représentent désormais 34 % de ses effectifs, contre 32 % en 2020, tandis que la proportion d’employés noirs a augmenté de 3,7 % à 5,7 % sur la même période.
Ce recul des initiatives DEI marque une évolution significative dans la politique des entreprises américaines, reflétant des pressions politiques et juridiques croissantes. Il reste à voir comment ces changements influenceront l’équilibre des forces au sein du monde du travail et si d’autres entreprises choisiront de maintenir ou d’abandonner leurs engagements en matière de diversité.