Appel à la grève illimitée chez Lidl France : les syndicats montent au créneau

Entrevue 1

La tension sociale s’intensifie chez Lidl France. Ce vendredi 7 février marque le début d’une grève illimitée à l’appel de cinq organisations syndicales : CFTC, CGT, CFDT, FO-FGTA et SNCDD CFE-CGC. Au cœur de la contestation, des revendications salariales, la dénonciation de conditions de travail dégradées et une opposition frontale à la généralisation de l’ouverture des magasins le dimanche, annoncée pour le 1ᵉʳ juin.

Cette mobilisation, lancée en réaction à l’échec des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires, intervient dans un contexte socialement tendu. La CFDT pointe notamment une « faible augmentation générale » proposée par la direction, jugée insuffisante au regard de l’inflation et des efforts fournis par les employés. Un avis partagé par l’ensemble des syndicats grévistes, qui demandent une revalorisation « décente » des salaires et une « amélioration des conditions de travail ». Mi-décembre, un avis du Comité social et économique (CSE) central alertait déjà sur une situation sociale « qui empire », accusant la direction de compenser la baisse des marges par une réduction de la masse salariale.

Les syndicats dénoncent également la manière unilatérale dont la direction a décidé de généraliser le travail dominical. « Cette décision n’a pas fait l’objet d’une véritable concertation avec les partenaires sociaux », déplore un représentant de la CFDT. Les syndicats réclament des négociations sur les conditions d’ouverture dominicale et les compensations à accorder aux salariés concernés. Si la direction propose une majoration des heures de travail le dimanche à hauteur de 50 %, cela ne suffit pas à calmer les inquiétudes des employés, qui voient dans cette généralisation une source supplémentaire de pression et de déséquilibre entre vie professionnelle et personnelle.

La grève est également marquée par une mobilisation prévue dans les Bouches-du-Rhône, où les salariés des 40 magasins du département doivent se rassembler devant la plateforme logistique de Rousset dès 7 heures du matin. Un rassemblement similaire est annoncé à Carquefou, près de Nantes, où une plateforme logistique emploie 250 personnes et approvisionne 70 magasins de la région.

Ce mouvement social intervient à un moment délicat pour Lidl France. L’annonce surprise du départ de Michel Biero, vice-président de l’enseigne, a ravivé les tensions internes. Apprécié pour sa capacité de dialogue avec les syndicats, son départ effectif en mars suscite des craintes quant à la gestion des futures négociations. Le dirigeant, qui avait contribué à transformer Lidl en un acteur majeur de la distribution en France, quitte l’entreprise alors que ses résultats en 2024 sont en deçà des objectifs fixés.

Dans un secteur de la distribution alimentaire sous pression, où la baisse de la consommation et la guerre des prix pèsent lourdement sur les performances des enseignes, Lidl fait face à un défi de taille. Avec 46 000 salariés répartis dans 1 600 magasins en France, l’enseigne, qui représente 7,9 % du marché, devra rapidement trouver une issue à ce conflit social pour éviter de voir son image et son activité commerciale impactées durablement.

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