Lundi 18 novembre, Antoine Gallimard, dirigeant des éditions Gallimard, a fermement dénoncé les « attaques diffamatoires » visant Kamel Daoud, l’auteur franco-algérien récemment couronné du prix Goncourt pour son roman Houris. L’écrivain est accusé par une survivante de la guerre civile algérienne d’avoir exploité son histoire personnelle et ses traumatismes dans son œuvre.
« Bien que Houris s’inspire de faits tragiques liés à la guerre civile algérienne des années 1990, il s’agit d’une œuvre de fiction : son intrigue, ses personnages et son héroïne sont entièrement inventés », a rappelé Antoine Gallimard dans un communiqué. Selon lui, ces attaques émanent de certains médias proches du régime algérien, « dont nul n’ignore la nature ».
Une œuvre sous haute tension
Depuis la parution de Houris, le roman a suscité de nombreuses polémiques en Algérie, pays où il est interdit de publication en raison d’une loi proscrivant les ouvrages évoquant la « décennie noire » (1992-2002), période marquée par un conflit sanglant ayant causé au moins 200 000 morts.
La participation des éditions Gallimard au Salon international du livre d’Alger a également été interdite début octobre, bien avant que Houris ne remporte le prix Goncourt, le 4 novembre dernier.
L’un des principaux points de controverse concerne Saâda Arbane, une survivante d’un massacre survenu durant la guerre civile. Cette dernière affirme s’être reconnue dans le personnage principal du roman, Aube, une jeune femme réduite au silence après une agression brutale qui lui a coupé les cordes vocales. La survivante a par ailleurs été suivie médicalement par l’épouse de Kamel Daoud, psychiatre de profession. Gallimard dénonce à cet égard une campagne visant également l’intégrité professionnelle de cette dernière, alors qu’elle n’a « aucunement contribué à l’écriture de l’œuvre ».
Une œuvre et un auteur sous pression
Houris tire son titre des jeunes filles promises au paradis dans la foi musulmane. Le roman, sombre et poignant, se déroule en partie à Oran et explore les traumatismes laissés par la guerre civile à travers le destin d’Aube. Antoine Gallimard considère ces critiques comme des attaques visant à décrédibiliser un écrivain dont le succès dérange.
En dépit de ces tensions, Houris a été unanimement salué par la critique, tant pour la force de son récit que pour la profondeur de ses personnages. Kamel Daoud, qui avait déjà marqué les esprits avec Meursault, contre-enquête, continue de susciter admiration et controverse, confirmant son statut d’écrivain incontournable de la scène littéraire francophone.