Anticor retrouve son agrément après une longue bataille avec le gouvernement

06 septembre, 2024 / Entrevue

L’association anticorruption Anticor a finalement obtenu, ce jeudi, le renouvellement de son agrément, après un long bras de fer avec le gouvernement. Ce dernier acte signé par Gabriel Attal avant de quitter ses fonctions de Premier ministre marque une victoire majeure pour l’organisation, qui avait perdu cet agrément en juin 2023.

Une victoire juridique pour Anticor

L’agrément d’Anticor, renouvelé pour une durée de trois ans, permet à l’association de se constituer partie civile dans des affaires politico-financières, notamment en cas d’inaction du parquet. Anticor, créée en 2002 pour lutter contre la corruption et promouvoir l’éthique en politique, est impliquée dans plus de 160 affaires, y compris des dossiers sensibles comme l’attribution controversée du Mondial 2022 au Qatar ou l’affaire Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée.

Après la perte de son agrément en 2023 à la suite d’une décision de justice, Anticor a multiplié les démarches pour obtenir une nouvelle validation. Malgré deux demandes rejetées implicitement par le gouvernement, le tribunal administratif de Paris avait enjoint le Premier ministre, le 9 août dernier, de réexaminer la demande d’Anticor dans un délai de quinze jours. Face à l’inaction de l’exécutif, une amende de 1 000 euros par jour de retard avait été imposée au gouvernement le 4 septembre, obligeant Gabriel Attal à signer l’arrêté.

Une lutte acharnée contre le blocage politique

L’avocat d’Anticor, Me Vincent Brengarth, a salué cette décision, qualifiant ce succès de « victoire majuscule pour la société civile ». Le président de l’association, Paul Cassia, a également réagi avec satisfaction, soulignant que cet agrément est désormais accordé « sans réserve », ce qui évitera tout nouveau litige sur la légitimité d’Anticor à agir en justice.

Cette issue favorable met un terme à une longue période d’incertitudes pour l’association, accusée par certains membres du gouvernement d’avoir un agenda politique caché. Le président Emmanuel Macron avait d’ailleurs critiqué l’organisation en 2023, affirmant qu’elle utilisait les procédures judiciaires pour « détruire » des personnalités publiques, même en l’absence de condamnations.

Une nouvelle ère pour Anticor

Le renouvellement de cet agrément permettra à Anticor de poursuivre son travail sans interruption dans les dossiers sensibles en cours. Parmi ceux-ci figurent plusieurs affaires touchant des personnalités politiques de premier plan, comme Éric Dupond-Moretti, Amélie Oudéa-Castéra et Richard Ferrand. Pour Paul Cassia, ce nouvel agrément va considérablement faciliter le travail de l’association en renforçant sa capacité à mener à bien ses actions judiciaires.

Ce rebondissement dans le parcours d’Anticor marque un moment crucial dans la lutte contre la corruption en France, une cause qui trouve une résonance particulièrement forte à une époque où la transparence des institutions est plus que jamais remise en question.