Anne Hidalgo, maire de Paris, est sommée par trois associations — l’Union parisienne, Rouler libre et le Comité Marais Paris — de rendre publics ses frais de bouche et de représentation pour l’année 2020. Une audience s’est tenue le jeudi 3 octobre au tribunal administratif de Paris, qui rendra sa décision dans quinze jours. Ce bras de fer entre la municipalité et les associations dure depuis plus de deux ans, depuis une procédure lancée fin 2021.
Les associations réclament des explications claires sur les dépenses de la ville, comme le précise Patrick Aboukrat, président du Comité Marais Paris : « On demande de la clarté et on veut des explications sur les dépenses de la Ville. » Après avoir directement sollicité la mairie de Paris, puis saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) sans succès, l’avocat des associations, Me Patrick Tabet, a porté l’affaire devant le tribunal administratif en octobre 2021.
Absence de communication satisfaisante
En septembre 2023, la mairie de Paris a transmis des documents, mais ceux-ci concernaient les maires d’arrondissement et non spécifiquement les frais d’Anne Hidalgo. « La mairie nous a répondu en nous envoyant un listing de factures des maires d’arrondissement, alors que nous demandions précisément celles de Mme Hidalgo », a expliqué Me Tabet.
Les associations affirment n’avoir reçu aucun détail sur les frais de bouche, de déplacement, de transport ou d’hôtel de la maire de Paris. La mairie a répondu que les dépenses de restaurant étaient payées de sa poche ou que les invitations avaient lieu à l’Hôtel de Ville, une explication jugée peu convaincante par l’avocat des requérants.
Lors de l’audience, le rapporteur public a estimé que la Ville avait justifié avoir transmis les pièces demandées concernant les frais de représentation de la maire. Il a également reconnu que la Ville avait le droit de refuser la communication de certains documents publics dès lors qu’ils avaient déjà fait l’objet d’une communication publique. Toutefois, le tribunal a relevé que les factures transmises contenaient l’identité des conseillers, mais pas celle des invités.
Opacité des dépenses pointée du doigt
Me Tabet dénonce également l’anonymisation des frais de restauration des membres du cabinet de la maire. « Ce n’est pas normal, et encore une fois, ce n’est pas ce que nous avions demandé », a-t-il déclaré. De plus, il a critiqué le manque de précision des tickets fournis pour les dépenses de vêtements d’Anne Hidalgo.
Selon l’avocat, ces « curiosités » et le manque de transparence soulignent l’opacité des dépenses de la maire. « Quand on parle de fonds publics, si tout est en règle, on donne toutes les preuves que l’on nous demande. Là, quelque chose n’est pas clair », a-t-il estimé, en espérant que le tribunal rendra un avis favorable aux associations.
Patrick Aboukrat, président du Comité Marais Paris, partage cette opinion : « La maire a des façons de faire qui montrent qu’elle n’en fait qu’à sa tête et refuse de rendre des comptes. Elle empoisonne la vie des commerçants et des Parisiens avec sa politique, notamment sur la circulation et la propreté. Il est légitime pour nous de vouloir comprendre où va l’argent. »
Du côté de la mairie de Paris, on estime que les associations cherchent simplement à critiquer la politique d’Anne Hidalgo, et non à obtenir des informations constructives.
Une absence remarquée à l’audience
L’audience de ce jeudi s’est tenue sans la présence d’Anne Hidalgo ni d’un avocat pour la représenter. « C’est scandaleux », a réagi Me Tabet, soulignant le caractère inhabituel de cette absence. Selon lui, les associations ont agi de manière citoyenne en voulant obtenir la transparence sur les dépenses de la capitale, d’autant plus que la ville était endettée à hauteur de 7 milliards d’euros en 2020.
La décision du tribunal est attendue dans les quinze jours. Les associations espèrent qu’une injonction sera faite à la Ville de Paris pour communiquer les frais demandés dans un délai de deux mois.