Anne Genetet, nouvelle ministre de l’Éducation : une nomination sous le signe de la défiance

24 septembre, 2024 / Entrevue

Ce lundi, Anne Genetet a pris officiellement ses fonctions en tant que nouvelle ministre de l’Éducation nationale, promettant de maintenir le « cap » sur l’école. Cependant, son manque d’expérience dans les affaires scolaires, son rapprochement avec Gabriel Attal, et la nomination controversée d’un député LR à ses côtés soulèvent des inquiétudes parmi les syndicats et les acteurs du secteur éducatif.

Une nomination inattendue dans un contexte instable

Députée macroniste de la 11e circonscription des Français établis hors de France, Anne Genetet n’a jamais été connue pour son expertise en éducation. Jusqu’alors, elle s’était illustrée dans les domaines de la défense et des affaires étrangères à l’Assemblée nationale. Sa nomination à la tête du ministère de l’Éducation nationale, qui a vu cinq ministres se succéder depuis 2022, intervient dans un contexte d’instabilité, exacerbant la méfiance des syndicats enseignants.

La passation des pouvoirs a eu lieu en présence de plusieurs membres de l’entourage de Gabriel Attal, ancien ministre de l’Éducation, laissant supposer une continuité de sa politique. Ce lien étroit avec l’ex-Premier ministre et actuel chef des députés macronistes suscite des interrogations. Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la CFDT Éducation, a exprimé ses craintes quant à une éventuelle influence d’Attal sur la nouvelle ministre.

Aux côtés d’Anne Genetet, Alexandre Portier, député Les Républicains, a été nommé ministre délégué chargé de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel. Sa défense de l’enseignement privé dans une tribune récente suscite l’inquiétude de la profession. Philippe Meirieu, chercheur en pédagogie, critique cette alliance, estimant qu’elle marque une rupture avec une école publique traditionnelle.

Défiance des syndicats face à une « erreur de casting »

Les syndicats enseignants n’ont pas tardé à réagir à cette nomination. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, a qualifié cette désignation d’« erreur de casting », dénonçant le manque d’expérience de Genetet dans les affaires éducatives. Guislaine David, du FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, y voit une continuité de la politique controversée du « choc des savoirs » mise en place par Gabriel Attal.

Les dossiers qui attendent Anne Genetet sont nombreux et urgents : la crise d’attractivité du métier d’enseignant, avec plus de 3 000 postes non pourvus cette année, la réforme de la formation des enseignants, et la gestion de nouvelles expérimentations comme l’uniforme à l’école. Toutefois, la question du budget et des revalorisations salariales reste centrale. Plusieurs syndicats s’interrogent sur la capacité de la nouvelle ministre à obtenir des arbitrages budgétaires favorables dans un contexte d’austérité.

Avec une carrière principalement orientée vers la diplomatie, Anne Genetet devra rapidement gagner la confiance des enseignants et montrer sa capacité à naviguer dans un secteur en crise.