Depuis sa nomination au poste de ministre de l’Éducation nationale le 21 septembre dernier, Anne Genetet fait figure de néophyte dans un environnement qu’elle découvre encore. Médecin de formation et ancienne députée des Français de l’étranger, elle n’avait jamais travaillé sur les enjeux scolaires avant de rejoindre le gouvernement Barnier. Pourtant, elle entend bien marquer son passage rue de Grenelle en imprimant sa propre vision de l’école républicaine. Dans une interview accordée au Point ce dimanche, elle revient sur ses priorités et ses ambitions.
Dans la continuité des réformes initiées depuis 2017, Anne Genetet a annoncé « l’acte II du choc des savoirs ». Parmi les mesures phares : rendre obligatoire l’obtention du brevet des collèges pour accéder au lycée. Selon elle, cette réforme redonnera toute sa valeur à ce diplôme et motivera les élèves en difficulté. « Je préfère la réussite en quatre ans plutôt que l’échec en trois », martèle-t-elle, évoquant la création de dispositifs de soutien pour les collégiens qui échoueraient à l’examen.
La ministre entend également étendre les « groupes de besoin » – déjà mis en place pour les classes de 6e et 5e – aux élèves de 4e et 3e, tout en doublant le dispositif « devoirs faits ». Une épreuve anticipée de mathématiques en première générale et technologique viendra compléter ce plan pour revaloriser le niveau dans cette matière, particulièrement concernée par les écarts de réussite entre filles et garçons.
Consciente de l’ampleur des enjeux, Anne Genetet ne nie pas les difficultés rencontrées par l’école française : baisse du niveau, recrudescence des violences scolaires et crise de recrutement des enseignants. Pour y répondre, elle propose la création de 750 postes de surveillants et de CPE, tout en plaidant pour une meilleure reconnaissance du métier d’enseignant. « La mission des professeurs est vitale pour notre société. Ils méritent le soutien de la Nation », affirme-t-elle.
Les réformes s’accompagnent d’un discours ferme face aux dérives idéologiques. Pour Anne Genetet, seule l’école peut lutter contre les discours complotistes et déclinistes qui fragilisent la République. L’assassinat de Samuel Paty a marqué un tournant dans la prise en charge des enjeux de laïcité et de sécurité au sein des établissements scolaires. « L’école a des ennemis. Beaucoup souhaitent lui mettre une cible dans le dos », déclare-t-elle, tout en promettant un renforcement des dispositifs de soutien et de protection pour les personnels.
Malgré les critiques initiales sur son absence de parcours dans le domaine éducatif, Anne Genetet revendique sa fraîcheur et sa capacité à aborder les dossiers sans a priori. Proche de Gabriel Attal, son prédécesseur, elle s’en démarque en prônant une méthode plus directe et des mesures immédiates. « Je ne suis pas son clone », insiste-t-elle.
Son mandat s’inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par les suppressions de postes prévues dans le budget 2025 et les tensions au sein du gouvernement Barnier. Mais loin de se laisser déstabiliser, elle défend avec conviction sa vision de l’école, attaquant aussi bien l’extrême droite que la gauche : « L’extrême droite propose une école qui ne vise pas l’excellence pour tous. Quant à la gauche, elle se limite à réclamer toujours plus de moyens. »
Anne Genetet voit dans l’école la clé pour relever les défis de demain. « Faire réussir l’école, c’est faire triompher la République », résume-t-elle, en appelant à une mobilisation collective autour des valeurs éducatives et républicaines. Face à une baisse démographique dans les écoles primaires et à des défis économiques, elle insiste sur l’importance de maintenir une vision à long terme. Forte de sa détermination et de son optimisme, la ministre souhaite inscrire son action dans une perspective de continuité, tout en apportant une touche personnelle à une institution en quête de stabilité. « L’école, c’est le pays de demain », conclut-elle.