AME : La ministre de la Santé rejette les propositions de réforme de Bruno Retailleau

05 octobre, 2024 / Entrevue

La ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a exclu toute modification de l’Aide médicale d’État (AME), rejetant ainsi les propositions du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui souhaite revoir le dispositif. « Pas question de toucher à l’aide médicale d’État », a déclaré la ministre lors d’une intervention sur Franceinfo. Selon elle, l’AME représente également une garantie de santé publique pour les Français, notamment en prévenant certaines contagions. « Il ne faut pas avoir de tabou sur ce sujet, mais il ne faut pas non plus créer des fantasmes », a-t-elle ajouté.

Le Premier ministre, Michel Barnier, s’est exprimé jeudi sur France 2, indiquant qu’il est possible de « mieux gérer » l’AME. Il a appelé à « voir calmement les choses pour que ceux qui y ont droit puissent la recevoir ». Pour l’année 2024, l’enveloppe allouée à l’AME s’élève à 1,2 milliard d’euros, représentant environ 0,5 % des dépenses de santé prévues par le budget de la Sécurité sociale. En 2023, l’AME bénéficiait à environ 466 000 personnes. Le dispositif couvre les soins médicaux et dentaires, les médicaments remboursés, les frais d’analyses, d’hospitalisation, ainsi que ceux liés à certaines vaccinations, dépistages, la contraception et l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Bruno Retailleau avait suggéré qu’il ne s’interdisait pas de prendre des mesures, éventuellement par voie réglementaire, pour réduire le périmètre de l’AME, un sujet souvent sensible pour le gouvernement. Geneviève Darrieussecq a insisté sur l’importance du dispositif et s’est référée au rapport de Claude Évin et Patrick Stefanini publié en décembre 2023, qui qualifie l’AME de « dispositif utile et bien contrôlé » par l’assurance maladie.

En parallèle, la ministre a évoqué le projet de loi sur la fin de vie, affirmant la nécessité de « terminer ces débats » pour soutenir les personnes qui en auraient besoin. Michel Barnier a également exprimé son soutien à la reprise de l’examen de ce projet de loi. Geneviève Darrieussecq a souligné l’importance du développement des soins palliatifs dans ce texte.

La ministre s’est dite satisfaite de la position du Premier ministre et a rappelé son implication passée sur le sujet de l’aide active à mourir. Lors de débats au printemps dernier, elle avait proposé des amendements visant à ce que l’injection d’aide active à mourir ne soit pas considérée comme un « acte de soin ». Elle suggérait également que les médecins volontaires pour pratiquer cette injection soient inscrits sur des listes spécifiques, non accessibles au public.