Allemagne : un parti anti-aide militaire à l’Ukraine entre au pouvoir régional

Entrevue 1

En Allemagne, un bouleversement politique sans précédent se dessine en Thuringe, un Land de l’est du pays. Le parti BSW, fondé il y a moins d’un an par l’ancienne figure de l’extrême gauche Sahra Wagenknecht, va rejoindre une coalition régionale aux côtés des conservateurs (CDU) et des sociaux-démocrates (SPD).

Ce nouveau parti, qui s’oppose fermement aux livraisons d’armes à l’Ukraine et adopte une posture critique envers l’immigration, a réussi une percée spectaculaire lors des élections régionales de septembre. Avec l’extrême droite de l’AfD arrivée en tête du scrutin (32,8 %), le paysage politique a été profondément remanié. Face à un refus catégorique de collaborer avec l’AfD, les autres partis ont cherché des alternatives pour éviter une impasse.

Une coalition inédite

Arrivé en deuxième position, la CDU a initié des discussions avec le SPD et le BSW. Après des semaines de négociations, un accord de coalition a été trouvé et sera détaillé ce vendredi. Selon les premières informations, le BSW aurait obtenu des engagements en faveur d’initiatives de paix en Ukraine, incluant un arrêt des livraisons d’armes, l’un de ses principaux chevaux de bataille.

Dans d’autres régions, comme le Brandebourg, le BSW tente également de négocier son entrée au gouvernement avec le SPD. Toutefois, les discussions en Saxe, où la CDU est arrivée juste devant l’AfD, ont échoué en raison de désaccords sur la politique de défense et l’immigration. Faute d’entente, conservateurs et sociaux-démocrates se tournent vers un gouvernement minoritaire, seule alternative à de nouvelles élections.

Vers des législatives anticipées

Ces bouleversements régionaux interviennent dans un contexte de fragmentation accrue du paysage politique allemand. L’implosion de la coalition fédérale dirigée par Olaf Scholz (SPD) a conduit à l’organisation de législatives anticipées prévues pour le 23 février.

La CDU de Friedrich Merz, en tête des sondages avec environ 33 % des intentions de vote, espère pouvoir gouverner avec un seul partenaire, probablement le SPD, pour éviter la multiplication des alliances complexes. Migration et défense devraient être au cœur des débats, alors que le pays peine à maintenir la stabilité de ses institutions face à la montée en puissance de l’AfD et des partis alternatifs comme le BSW.

En Thuringe comme à l’échelle nationale, l’Allemagne entre dans une phase d’incertitude politique, illustrant les défis croissants auxquels elle est confrontée pour former des majorités solides et durables.

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