À l’approche des élections législatives allemandes du 23 février, le chancelier Olaf Scholz a annoncé ce mercredi la prolongation des contrôles aux frontières pour une durée de six mois. Cette décision, justifiée par la lutte contre l’immigration clandestine et le renforcement de la sécurité intérieure, intervient alors que l’immigration s’est imposée comme un sujet central du débat politique en Allemagne. Mis en place en septembre 2024 pour une durée initiale de six mois, ces contrôles s’étendront désormais jusqu’à la mi-septembre 2025.
Le chef du gouvernement social-démocrate a défendu l’efficacité de cette mesure, affirmant qu’elle avait permis de refouler 47 000 personnes aux frontières, de réduire d’un tiers le nombre de demandes d’asile entre 2023 et 2024 et d’arrêter 1 900 passeurs. Selon Olaf Scholz, ces résultats démontrent que le renforcement des contrôles a un impact direct sur la maîtrise des flux migratoires et la lutte contre les réseaux criminels exploitant les migrants.
Cependant, cette décision ne fait pas l’unanimité au sein de l’Union européenne. La Commission européenne a rappelé que ces contrôles doivent rester exceptionnels et proportionnés. En principe, les frontières internes de l’espace Schengen sont exemptes de contrôles, sauf en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité. L’Allemagne avait déjà notifié Bruxelles de son intention de prolonger ces contrôles, invoquant une situation migratoire tendue et la nécessité de maintenir une surveillance accrue.
Du côté de l’opposition, Friedrich Merz, chef des conservateurs de la CDU et favori des sondages pour succéder à Scholz, a affirmé vouloir aller encore plus loin en instaurant des contrôles permanents aux frontières. Il a notamment exprimé son intention de refouler systématiquement les étrangers en situation irrégulière, y compris les demandeurs d’asile. Une position qui alimente le débat sur l’avenir de la politique migratoire allemande et qui pourrait influencer les alliances politiques après les élections.
Face à cette pression politique, la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, s’est montrée ouverte à un compromis avec les conservateurs, soulignant que les positions des sociaux-démocrates et de la CDU sur la question migratoire ne sont « pas si éloignées ». Cette déclaration laisse entrevoir une possible convergence entre les deux principaux partis allemands en matière de contrôle des flux migratoires et de sécurisation des frontières.
Alors que les tensions migratoires persistent en Allemagne et en Europe, la prolongation de ces contrôles marque un tournant dans la politique de Scholz, qui cherche à rassurer l’électorat sur sa fermeté face à l’immigration illégale. Reste à savoir si cette stratégie suffira à contrer la montée des conservateurs et de l’extrême droite, qui font campagne sur une ligne encore plus dure en matière de politique migratoire.