Le chancelier allemand Olaf Scholz a officiellement lancé mercredi une procédure menant à la dissolution de son gouvernement, marquant une étape majeure dans la crise politique qui secoue l’Allemagne. En appelant à un vote de confiance, il souhaite ouvrir la voie à des élections fédérales anticipées, prévues le 23 février prochain.
« Je souhaite ainsi ouvrir la voie à des élections fédérales anticipées », a déclaré Olaf Scholz dans un message publié sur le réseau social X, accompagné d’une photo le montrant signant la requête. Le vote des députés au Bundestag est prévu le lundi 16 décembre à 13 heures.
Une coalition éclatée
Cette décision intervient après l’implosion de la coalition tripartite regroupant sociaux-démocrates (SPD), Verts et libéraux (FDP), qui était au pouvoir depuis 2021. La rupture s’est consommée le 6 novembre dernier, suite au limogeage du ministre des Finances libéral, symbole des tensions croissantes autour de la politique économique et budgétaire. Depuis, Scholz a perdu l’appui nécessaire pour gouverner, les libéraux s’étant retirés et les Verts envisageant de s’abstenir lors du vote de confiance.
« Si les députés suivent la voie que je propose, je demanderai au président Frank-Walter Steinmeier de dissoudre le Bundestag lundi après-midi », a-t-il précisé lors d’une brève allocution à la presse.
Olaf Scholz, 66 ans, se prépare à une campagne électorale difficile. Déjà affaibli par une impopularité chronique, il doit faire face à des sondages peu encourageants. Son parti, le SPD, oscille entre 15 % et 17 % d’intentions de vote, loin derrière les conservateurs de la CDU/CSU (environ 32 %) et l’extrême droite de l’AfD (autour de 18 %).
Malgré ces perspectives peu reluisantes, Scholz reste combatif. « Dans une démocratie, ce sont les électeurs qui déterminent le cours de la politique future », a-t-il affirmé, espérant capitaliser sur son expérience et son image de gestionnaire prudent dans un contexte international troublé.
L’Allemagne est confrontée à une deuxième récession consécutive en 2024. Scholz tente de rassurer les électeurs en proposant des mesures pour soutenir l’économie, notamment une baisse de la TVA sur les denrées alimentaires afin d’aider les foyers les plus modestes.
Par ailleurs, le chancelier joue la carte de la retenue sur le soutien militaire à l’Ukraine, espérant toucher une partie de l’électorat pacifiste et prorusse. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte géopolitique incertain, marqué par l’élection de Donald Trump aux États-Unis.
Un scénario incertain pour l’après-scrutin
En cas de défaite du SPD, un gouvernement mené par les conservateurs de Friedrich Merz en coalition avec le SPD semble l’issue la plus probable. Néanmoins, Scholz, fort de son expérience de maire de Hambourg et d’ancien vice-chancelier sous Angela Merkel, a déjà déjoué les pronostics. En 2021, il avait réussi à s’imposer contre toute attente en exploitant les divisions chez les conservateurs.
Pour Scholz, l’enjeu est de taille : sauver sa place à la chancellerie et rétablir la confiance des électeurs dans un climat de crise économique et politique. Réponse le 23 février.