Allemagne : les conservateurs tournent le dos à l’héritage Merkel

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Les conservateurs allemands, grands favoris des élections législatives prévues en février, ont présenté ce mardi un programme marqué par un net virage à droite. Leur projet se veut en rupture avec la politique du gouvernement sortant du chancelier social-démocrate Olaf Scholz.

« Notre programme électoral est l’antithèse du bilan de la coalition sortante, qui a échoué », a déclaré Friedrich Merz, chef de la CDU et principal leader de l’opposition, lors d’une conférence de presse à Berlin. « Continuer dans cette voie n’est pas une option », a-t-il ajouté, affichant une ferme détermination à marquer une rupture avec la ligne centriste de l’ancienne chancelière Angela Merkel.

Sur des thématiques clés telles que l’immigration, l’économie, la politique sociale ou encore la sécurité, la CDU de Friedrich Merz et son parti allié bavarois CSU, dirigé par Markus Söder, promettent une politique plus ferme et conservatrice. Cette orientation contraste fortement avec les réformes centristes engagées pendant les seize années de règne d’Angela Merkel.

Avec des sondages très favorables, qui placent la CDU largement en tête, Friedrich Merz est pressenti pour devenir le prochain chancelier. Le scénario le plus plausible le verrait former une coalition avec le SPD d’Olaf Scholz, en net recul.

Les conservateurs entendent adopter une « ligne dure » sur l’immigration. Markus Söder, président de la CSU, a dénoncé les politiques actuelles, promettant une approche « law and order » débarrassée de toute « idéologie de gauche, woke ou genrée ». Il a également appelé les électeurs tentés par l’extrême droite à rejeter l’AfD, deuxième force politique selon les sondages. « Ce n’est pas une alternative », a-t-il martelé.

Face à une économie allemande menacée de récession pour la deuxième année consécutive, les conservateurs promettent de redonner au travail sa valeur centrale. Ils prévoient des baisses d’impôts ciblées, notamment pour les actifs et les revenus les plus élevés. En revanche, ils comptent supprimer l’allocation citoyenne (Bürgergeld), une réforme sociale emblématique du gouvernement Scholz, accusée de déresponsabiliser ses bénéficiaires. En matière budgétaire, la CDU-CSU s’oppose fermement à tout assouplissement des règles d’endettement, une flexibilité souhaitée par Olaf Scholz pour financer des investissements et relancer la croissance. Markus Söder a prévenu : « Les dettes ne sont pas une solution magique pour régler les problèmes ». Les conservateurs plaident ainsi pour le maintien strict du « frein à la dette » inscrit dans la Constitution, que les sociaux-démocrates veulent réformer.

Avec ce programme, la CDU et la CSU espèrent convaincre un électorat en quête de fermeté et de stabilité, tout en se présentant comme la seule alternative crédible au gouvernement actuel.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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