Ce lundi, Alix Didier Fils-Aimé, homme d’affaires nommé Premier ministre d’Haïti, a prêté serment à Port-au-Prince, affirmant son engagement à restaurer la sécurité et la stabilité politique dans un pays en proie à de graves crises. Ce changement intervient dans un contexte de violences accrues et d’instabilité, marquant la fin du mandat de Garry Conille, limogé après cinq mois au pouvoir, à la suite de désaccords avec le Conseil présidentiel de transition.
Un engagement pour la sécurité et la cohésion politique
Lors de son discours d’investiture, M. Fils-Aimé a promis de « travailler sans relâche » pour la cohésion politique et le rétablissement de l’ordre dans un pays où 80 % de la capitale est sous le contrôle de gangs armés. Affirmant sa détermination à « mettre son énergie, ses compétences et son patriotisme au service de la cause nationale », le nouveau chef de gouvernement a également annoncé l’organisation d’élections, alors que le pays n’a plus de président depuis 2021.
Son prédécesseur, Garry Conille, avait été nommé en juin dernier dans une tentative de stabiliser Haïti. Cependant, en raison de désaccords avec le Conseil présidentiel sur le remaniement de plusieurs ministères, il a été démis de ses fonctions. Conille a dénoncé une décision entachée d’illégalité. Ce remplacement illustre les tensions constantes au sein du gouvernement et les défis auxquels sont confrontés les dirigeants haïtiens.
La montée en puissance des gangs et une mission multinationale sous pression
Haïti fait face depuis plusieurs mois à une escalade de la violence des gangs, qui se sont organisés pour renverser l’ancien Premier ministre Ariel Henry et contrôler une partie importante de Port-au-Prince. La mission de soutien à la police haïtienne, dirigée par le Kenya avec plus de 400 hommes et soutenue par l’ONU et les États-Unis, peine à rétablir l’ordre.
Entre juillet et septembre, la mission de l’ONU en Haïti (Binuh) a recensé 1 233 meurtres dans le pays, des violences affectant parfois des enfants, avec des actes d’une extrême brutalité. Cette situation a forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile, dont près de la moitié sont des enfants, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Un climat de terreur qui touche l’aviation civile
La situation chaotique en Haïti a également impacté la sécurité aérienne. Le même jour que l’investiture de M. Fils-Aimé, un vol Spirit Airlines en provenance de Floride et à destination de Port-au-Prince a été contraint de se dérouter vers la République dominicaine après avoir essuyé des tirs depuis le sol haïtien. Des impacts de balles ont été constatés sur l’appareil, et un membre d’équipage a été légèrement blessé.
Cette attaque a suscité une réaction immédiate de l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui a condamné fermement les attaques contre l’aviation civile et exhorté le gouvernement haïtien à rétablir la sécurité des vols. En réponse, Spirit Airlines et American Airlines ont suspendu temporairement leurs vols vers Haïti.
Alix Didier Fils-Aimé prend ainsi les rênes du pays dans des circonstances critiques, avec la responsabilité de restaurer la sécurité et d’organiser des élections, attendues depuis 2016.