On la décrit souvent comme la « Dame de fer » de l’a droite nationale allemande. À 45 ans, Alice Weidel est pourtant plus qu’un simple cliché médiatique : elle incarne le renouveau souverainiste dont l’Allemagne a besoin pour retrouver sa fierté et assumer son destin. Les observateurs à la mode aiment souligner son orientation sexuelle – elle vit en Suisse avec sa compagne d’origine sri-lankaise et leurs deux enfants adoptés – comme si cela était incompatible avec un engagement patriotique. Mais Alice Weidel a prouvé qu’elle ne se laisserait pas piéger par ces étiquettes superficielles et qu’elle compte bien défendre une Allemagne forte, libre et prospère.
Une candidate déterminée à la chancellerie
Officiellement investie comme candidate à la chancellerie par l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), Alice Weidel a reçu un véritable plébiscite lors du congrès du parti à Riesa. Certes, les sondages et les commentateurs traditionnels insistent sur le fait que l’AfD n’a « aucune chance » de gouverner, faute de coalition possible avec les autres formations politiques. Mais avec près de 22 % d’intentions de vote, l’AfD se hisse désormais en deuxième position, un véritable exploit pour un mouvement longtemps marginalisé et caricaturé.
Car si l’ensemble de la classe politique allemande s’acharne à dresser un « mur pare-feu » contre l’AfD, c’est en réalité qu’elle craint la vague populaire et souverainiste que porte Alice Weidel. Son discours, clair et direct, attire de plus en plus de citoyens lassés par l’immobilisme des partis traditionnels et inquiets de l’idéologie « mondialiste » qui affaiblit chaque jour un peu plus la cohésion nationale.
Bien que sa campagne déplaise aux élites de Berlin ou de Bruxelles, Alice Weidel bénéficie aujourd’hui d’une visibilité inégalée. L’entretien qu’elle a accordé à Elon Musk – l’un des hommes les plus influents au monde et proche du président américain élu Donald Trump – en est l’illustration. Cette rencontre diffusée en direct sur la plateforme X a fait couler beaucoup d’encre et a offert à la cheffe de l’AfD une tribune pour exposer son programme sans filtre.
Qu’on le veuille ou non, ce débat avec Elon Musk démontre la capacité d’Alice Weidel à séduire bien au-delà des frontières de l’Allemagne. Son parcours international – elle parle mandarin, a vécu en Chine et aux États-Unis – lui confère une légitimité singulière dans un parti souvent cantonné par les médias au registre « populiste » ou « nationaliste ». Cette ouverture sur le monde n’empêche pas Alice Weidel de défendre l’ancrage identitaire de son pays, bien au contraire : elle est persuadée qu’on ne peut dialoguer avec l’étranger que si l’on sait qui l’on est et ce que l’on veut pour sa patrie.
Une image assumée, loin des caricatures
Les commentateurs hostiles aiment à dire que l’AfD serait misogyne, homophobe ou encore raciste. Or, qui mieux qu’Alice Weidel, femme homosexuelle, issue d’un milieu aisé mais ouverte sur la mondialisation, peut démonter ces stéréotypes simplistes ? Son franc-parler et sa détermination font figure d’exception dans un paysage politique allemand souvent dominé par le politiquement correct. C’est justement cette originalité qui lui vaut d’être parfois contestée par la frange la plus traditionaliste de son parti… mais aussi admirée par la base militante, avide de renouveau.
Longtemps cataloguée comme la représentante d’une aile « modérée » de l’AfD, Alice Weidel n’a toutefois pas hésité à muscler son discours à l’approche des élections législatives du 23 février prochain. Elle l’assume pleinement : la sécurité et la défense du peuple allemand passent par une politique migratoire plus stricte, voire une « remigration » si nécessaire. Si le terme choque certains, il résume pour elle un impératif de souveraineté face à l’afflux de populations étrangères qui, à ses yeux, fragilise la cohésion sociale et culturelle de l’Allemagne.
Comme en écho à la dérive idéologique des partis traditionnels, Alice Weidel n’hésite pas non plus à critiquer la politique énergétique allemande, trop souvent soumise aux diktats écologistes de Bruxelles. Elle plaide pour un mix énergétique cohérent qui ne laisse pas l’Allemagne dépendante d’approvisionnements incertains et d’idéologies « vertes » coûteuses. Le bon sens commande de maintenir actifs les réacteurs nucléaires sûrs, d’utiliser à bon escient les ressources fossiles existantes tout en encourageant l’innovation et la recherche.
Cette posture pragmatique attire de plus en plus de travailleurs, de familles de la classe moyenne, excédés par des factures d’électricité qui explosent et des impôts qui servent davantage des intérêts mondiaux que la prospérité nationale. Alice Weidel, elle, parle de « souveraineté énergétique » et rappelle sans relâche que l’Allemagne doit d’abord penser à ses propres citoyens avant de vouloir sauver la planète toute seule.
Il va de soi que la presse dominante préfère tourner en dérision la cheffe de l’AfD, la présentant parfois comme « révisionniste » ou « extrémiste ». Mais c’est bien parce qu’elle dérange l’ordre établi : en prônant la rupture avec les politiques migratoires laxistes, en rejetant un multiculturalisme imposé d’en haut et en critiquant l’Union européenne là où elle sort de son rôle, Alice Weidel donne une voix à ces millions d’Allemands qui se sentent oubliés, méprisés, voire menacés dans leurs valeurs.
Alors oui, l’AfD est encore loin de former une majorité gouvernementale. Mais l’irrésistible ascension d’Alice Weidel rappelle une réalité : un nombre croissant de citoyens allemands réclament des dirigeants capables de parler vrai, de défendre leur pays et de préserver un art de vivre qui se sent agressé par la mondialisation. Les tentatives de diabolisation ne sont plus suffisantes pour enrayer cette dynamique.
Un élan européen ?
L’engouement autour d’Alice Weidel dépasse les seuls cercles patriotiques allemands. Ses positions, parfois comparées à celles de Marine Le Pen ou de Giorgia Meloni, s’inscrivent dans un élan européen contre l’affaiblissement de la souveraineté nationale. Les divergences entre leaders patriotes européens existent, mais l’aspiration à un continent de nations libres et fières est en train de naître.
C’est un fait : dans un pays encore marqué par la culpabilité historique et la méfiance envers le patriotisme, la parole d’Alice Weidel fait bouger les lignes. Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, on ne peut nier qu’elle impose son style, son courage et sa vision, réveillant chez beaucoup d’Allemands un sentiment patriotique longtemps refoulé.