La décision choc de l’Arcom de ne pas reconduire la fréquence TNT de la plus importante chaine C8, prévue pour entrer en vigueur le 28 février prochain, fait depuis plusieurs mois l’effet d’un séisme dans le paysage audiovisuel français. C8, chaîne phare du groupe Canal+, et indéniablement l’une des plus regardées de la TNT, s’apprête à disparaître, privant des millions de téléspectateurs de leur chaîne favorite. Cette éviction soulève de vives réactions, à commencer par celle d’Alexia Laroche-Joubert, présidente de Banijay France, qui dénonce une injustice flagrante et une censure arbitraire.
Une « double peine » infligée à C8
Invitée ce 12 janvier dans l’émission « C Médiatique » sur France 5, Alexia Laroche-Joubert n’a pas mâché ses mots face à la décision de l’autorité de régulation audiovisuelle. Qualifiant cette décision de « déni de démocratie », elle a critiqué une démarche qu’elle considère comme punitive et disproportionnée. Selon elle, l’Arcom s’appuie sur des sanctions passées pour justifier ce retrait, alors même que la chaîne a déjà réglé ses dettes en payant une amende colossale de 7,5 millions d’euros.
« Le principe de justice, c’est que lorsqu’une faute est sanctionnée, la peine est purgée. Aujourd’hui, l’Arcom applique une double peine injustifiable qui pénalise une chaîne ayant su conquérir un large public. C’est un véritable coup porté à la diversité médiatique et à la liberté d’expression. »
Au-delà de son aspect juridique, cette décision a des implications sociales majeures. Alexia Laroche-Joubert a exprimé son inquiétude quant à l’avenir des 200 employés directement menacés par la suppression de C8 : « Il y a un plan social qui va entraîner 200 licenciements, et ces personnes ne retrouveront pas facilement de travail dans une télévision en crise. C’est une catastrophe sociale qui s’ajoute à une décision déjà critiquable. »
Elle a également souligné que cette mesure va bien au-delà de la seule chaîne C8 : « Nous parlons d’une chaîne qui, en 2024, était la première de la TNT. Retirer une telle plateforme, c’est priver des millions de Français d’un contenu qu’ils apprécient et suivre une logique de censure qui ne dit pas son nom. »
C8, symbole d’une télévision populaire menacée
Parmi les arguments avancés par l’Arcom figure la gestion des polémiques liées à « Touche pas à mon poste » (TPMP), premier talk-show de France animé par Cyril Hanouna. Cependant, Alexia Laroche-Joubert rappelle que depuis sa prise de fonction à la tête de Banijay France, aucun « dérapage » notable n’a été enregistré. Pour elle, la chaîne a su redresser la barre et méritait au contraire d’être soutenue dans sa démarche d’amélioration. « Nous ne sommes pas inquiets pour l’avenir de Cyril Hanouna, mais il est évident que cette décision affecte bien plus qu’un animateur ou une émission. Elle frappe des sociétés de production, des talents, et un public qui a fait de C8 un acteur majeur de la télévision française, » a-t-elle affirmé.
La suppression de C8 soulève enfin des questions sur l’indépendance et les motivations réelles de l’Arcom. Pourquoi une chaîne leader, ayant réglé ses dettes et montré une volonté d’amélioration, se voit-elle ainsi écartée de la TNT ? Cette décision est-elle une véritable mesure de régulation ou une tentative déguisée de censurer une voix populaire qui dérange ?
Alexia Laroche-Joubert appelle à une prise de conscience collective face à cette situation : « L’Arcom devrait être garante de la diversité audiovisuelle, pas un instrument de sanction arbitraire. Cette suppression est un dangereux précédent qui fragilise l’ensemble du secteur audiovisuel. »
Alors que l’échéance du 28 février approche, l’avenir de C8 et de ses programmes, notamment « Touche pas à mon poste », demeure incertain. Les téléspectateurs, fidèles au canal 8, risquent de voir disparaître une chaîne qui a su animer leurs soirées et proposer une télévision différente. La suppression de C8 n’est pas une simple décision administrative : elle incarne un tournant inquiétant pour la liberté d’expression et l’accès à une télévision populaire et plurielle. Il est essentiel que le public, les professionnels et les décideurs prennent conscience des enjeux et s’opposent à cette censure déguisée qui menace l’équilibre démocratique de nos médias.