Aide à mourir : le Parlement britannique face à un vote historique
Ce vendredi, les députés britanniques examinent une proposition de loi portée par la travailliste Kim Leadbeater, visant à légaliser l’aide à mourir pour les malades en phase terminale en Angleterre et au Pays de Galles. Ce texte suscite un débat animé, reflétant des convictions profondes, au-delà des clivages partisans.
Un projet encadré pour les malades en fin de vie
La proposition de loi permettrait aux adultes en phase terminale, avec une espérance de vie inférieure à six mois, de choisir de mettre fin à leurs souffrances. Un processus strict est prévu, nécessitant l’approbation de deux médecins et d’un juge. Selon Kim Leadbeater, ces garanties font de ce texte l’un des plus rigoureux au monde.
En 2015, une initiative similaire avait été largement rejetée par le Parlement, mais les mentalités semblent avoir évolué. Un sondage YouGov publié récemment montre que 75 % des habitants d’Angleterre et du Pays de Galles soutiennent désormais ce changement.
Un soutien grandissant mais des oppositions persistantes
Des personnalités publiques, comme la journaliste Esther Rantzen, atteinte d’un cancer en phase terminale, militent activement pour ce texte. Elle a appelé les élus à agir, rappelant qu’un échec repousserait un éventuel débat similaire de plusieurs années.
Des élus australiens ayant légalisé l’aide à mourir dans leurs États ont également écrit aux parlementaires britanniques, affirmant que ces lois ont renforcé la sécurité et l’équité des soins de fin de vie, sans donner lieu aux dérives redoutées.
Cependant, les critiques demeurent vives. Des chefs religieux ont exprimé leurs inquiétudes, redoutant que des personnes vulnérables se sentent contraintes de choisir la mort pour ne pas être un fardeau. Par ailleurs, des voix demandent des investissements accrus dans les soins palliatifs avant d’autoriser une telle mesure.
Le ministre de la Santé, Wes Streeting, a annoncé qu’il voterait contre, invoquant des craintes sur les pressions financières supplémentaires que cette loi pourrait engendrer sur un système de santé publique déjà en crise.
Un vote incertain
Malgré l’implication de Kim Leadbeater, le parti travailliste, actuellement au pouvoir, n’a donné aucune consigne de vote, laissant chaque député décider selon ses convictions. La majorité des 650 élus n’a pas encore révélé sa position, rendant l’issue du vote imprévisible. Le débat commence à 09h30 GMT et, en cas d’approbation, le texte sera soumis à des amendements en commission avant un second passage devant les deux chambres du Parlement.
Si la loi était adoptée, l’Angleterre et le Pays de Galles rejoindraient des pays comme les Pays-Bas, le Canada ou la Nouvelle-Zélande, où l’aide à mourir est légalisée. En Écosse, un vote sur un projet similaire est prévu pour 2025. Par ailleurs, Jersey prépare une loi pour 2027, et l’île de Man examine une initiative équivalente.
Actuellement, le suicide assisté reste illégal au Royaume-Uni, exposant les contrevenants à une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans de prison. Ce vote représente ainsi une étape cruciale pour les partisans et les opposants à l’évolution de cette législation.