Affaire des assistants FN au Parlement européen : les lourdes incohérences des preuves présentées par Nicolas Bay

16 septembre, 2024 / Entrevue

L’eurodéputé Nicolas Bay, ancien membre du Front National (FN), est au cœur d’une nouvelle polémique. Alors qu’il est mis en examen dans l’affaire des assistants parlementaires du FN, il est accusé d’avoir fourni des documents suspects pour justifier le travail de son ancien collaborateur Timothée Houssin. Cette affaire, qui éclate à quelques semaines du procès prévu pour le 30 septembre 2024, révèle des contradictions troublantes.

Des preuves inconsistantes

Nicolas Bay, pour défendre l’activité de son ex-assistant Timothée Houssin, aujourd’hui député de l’Eure a remis à la justice des revues de presse censées prouver le travail de celui-ci entre 2014 et 2015. Pourtant, des incohérences flagrantes surgissent. Selon des documents consultés par franceinfo et « Complément d’enquête » de France Télévisions, certaines des coupures de presse auraient été éditées en 2018, soit plusieurs années après la période concernée. Par exemple, une capture d’écran d’un article du Monde, daté de 2014, présente des éléments postérieurs à cette année, comme des références à la COP22 de 2016 et au One Planet Summit de 2017, rendant impossible sa compilation à l’époque prétendue.

D’autres anomalies apparaissent dans les documents fournis. Des captures d’écran d’articles de BFMTV et Libération contiennent des éléments graphiques ou des encarts publicitaires qui n’existaient pas à l’époque, mais ont été introduits bien plus tard. Une vidéo de BFM Business, datant de 2018, est mise en avant dans une capture censée avoir été effectuée en 2015, et des pictogrammes utilisés par Libération en 2015 n’auraient pas pu figurer dans une revue de presse compilée début 2015.

Les justifications de Nicolas Bay

Face à ces révélations, Nicolas Bay défend la légitimité des documents, affirmant que ces revues de presse ont bien été réalisées par Timothée Houssin en 2014-2015, mais qu’elles ont dû être reconstituées par son équipe en 2018 pour combler des manques. « Il n’y a donc aucune fausse preuve de travail », explique-t-il, tout en admettant avoir fait refaire la mise en forme. Cependant, cette explication est en contradiction avec sa déclaration initiale à la justice, où il avait présenté ces documents comme étant ceux produits entre 2014 et 2015, sans mentionner qu’ils avaient été modifiés.

Cette affaire remet en question la défense de Nicolas Bay et de Timothée Houssin, ce dernier réfutant tout lien avec ces documents. La justice, qui enquête sur l’emploi présumé fictif d’assistants parlementaires au sein du FN, pourrait voir dans ces incohérences une tentative de manipulation des preuves. Le Parlement européen chiffre le préjudice à 6,8 millions d’euros, et l’affaire devrait être un point central du procès à venir.

Alors que l’émission « Complément d’enquête » s’apprête à revenir sur ce dossier explosif le 19 septembre, les révélations continuent de mettre Nicolas Bay dans une position délicate.