Dans une interview accordée au Parisien, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, est revenue sur l’affaire Bétharram, ce scandale de violences physiques, sexuelles et psychologiques qui secoue depuis plusieurs mois l’enseignement catholique. Qualifiant la situation de « MeToo scolaire », la ministre affirme que « la parole se libère, mais il faut aller la chercher », soulignant la nécessité d’une vigilance accrue pour faire émerger les témoignages dans les établissements.
Pour y parvenir, Élisabeth Borne a annoncé la généralisation dans les écoles privées sous contrat de l’application « Faits établissements », permettant de faire remonter rapidement les incidents. Ce dispositif sera rendu obligatoire par décret. Elle prévoit également la mise en place de questionnaires anonymes pour les élèves, notamment en internat ou lors des voyages scolaires, afin de détecter d’éventuelles situations à risque. En cas d’alerte, des entretiens seront menés avec des professionnels sociaux, de santé ou des psychologues.
La ministre s’est dite surprise par les déclarations du secrétaire général de l’enseignement catholique, selon lesquelles toutes les remontées d’incidents seraient déjà faites vers les services académiques. « Ce n’est pas le cas », a-t-elle rétorqué, estimant que l’omerta a trop longtemps régné dans certains établissements. Le plan ministériel vise donc à renforcer le contrôle de l’État sur les écoles privées sous contrat, souvent accusées d’une forme d’autogestion opaque.
Depuis octobre 2023, plus de 180 plaintes ont été déposées contre l’ancien établissement Notre-Dame de Bétharram, désormais rebaptisé « Beau Rameau », dans les Pyrénées-Atlantiques. Les révélations ont été portées à la lumière par un collectif d’anciens élèves, qui dénoncent un système de violences toléré pendant des décennies. L’affaire a relancé le débat sur la responsabilité de l’État et de figures politiques comme François Bayrou, alors ministre de l’Éducation dans les années 1990, accusé d’avoir fermé les yeux.
Élisabeth Borne a également défendu sa position sur la laïcité, notamment dans le cadre des compétitions sportives, appelant à interdire le port de signes religieux, tout en dénonçant le « bruit médiatique » de ses opposants. À ses yeux, le combat contre le communautarisme passe aussi par une vigilance constante dans les écoles : « Il ne faut pas confondre les slogans avec l’action ».