Accusations contre l’abbé Pierre : l’Église ouvre ses archives pour une enquête historique

12 septembre, 2024 / Entrevue

La Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé, ce 12 septembre 2024, une décision exceptionnelle : l’ouverture immédiate de ses archives concernant l’abbé Pierre, dérogeant ainsi à la règle habituelle des 75 ans de confidentialité après le décès d’un prêtre. Cette décision intervient à la suite de la révélation, le 6 septembre dernier, de nouveaux témoignages accusant l’abbé Pierre d’agressions sexuelles, certaines remontant aux années 1950.

Le président de la CEF, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a précisé que ces archives, conservées à Issy-les-Moulineaux, comprennent un dossier « assez mince » concernant l’abbé Pierre. Il y figure notamment des lettres témoignant du fait que le Bureau central des cardinaux de l’époque avait pris connaissance de comportements problématiques du prêtre. On y apprend également que l’abbé Pierre avait été envoyé en Suisse dans les années 1950, sans que les détails sur ce séjour ne soient précisés.

Bien que ces archives ne contiennent que peu d’informations, Mgr de Moulins-Beaufort a affirmé qu’il est nécessaire de mener une enquête historique pour établir la connaissance exacte des faits au sein de l’Église à cette époque. Il encourage vivement l’enquête indépendante mise en place par Emmaüs, l’organisation fondée par l’abbé Pierre, pour expliquer les « dysfonctionnements » ayant permis ces agissements pendant plus de 50 ans.

Ce geste d’ouverture vise à apporter des réponses et à faire toute la lumière sur les accusations qui continuent de choquer l’opinion publique, alors que 17 nouveaux témoignages viennent s’ajouter à ceux déjà connus. L’Église espère ainsi coopérer pleinement avec les chercheurs, les membres de la commission d’enquête d’Emmaüs, ainsi que les journalistes enquêtant sur cette affaire.

Les révélations sur le comportement de l’abbé Pierre mettent en lumière des efforts passés de l’Église pour l’encadrer, notamment à travers des séjours psychiatriques et la présence d’un compagnon chargé de le surveiller. Toutefois, Mgr de Moulins-Beaufort reconnaît que ces mesures n’ont pas empêché l’abbé Pierre de contourner ces dispositifs.