Accès à l’avortement et à la PMA : Trump et Harris en désaccord profond
L’élection présidentielle américaine de 2024 pourrait être fortement influencée par la question de l’avortement, un sujet clivant pour les électeurs, d’autant plus depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême en 2022. Cet événement a permis à 22 États de restreindre ou d’interdire l’accès à l’avortement, et aujourd’hui, les candidats, Donald Trump et Kamala Harris, divergent profondément sur la manière d’aborder ce droit et les questions de procréation assistée.
Donald Trump : un soutien variable à l’égard des restrictions sur l’avortement
Donald Trump se targue d’avoir favorisé l’annulation de Roe v. Wade en nommant trois juges conservateurs à la Cour suprême, tout en affirmant que la question de l’avortement doit désormais être décidée par chaque État. Bien qu’il ait mentionné un compromis autour d’une interdiction à 15 semaines de grossesse, il n’a pas soutenu officiellement une interdiction fédérale de l’avortement et a souvent répété qu’il n’en voyait pas la nécessité, se disant satisfait du cadre juridique actuel.
Néanmoins, Trump a critiqué certaines lois strictes, comme l’interdiction de l’avortement après six semaines en Floride, qu’il considère comme « une erreur ». À plusieurs reprises, il a exprimé son soutien à des exceptions en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la mère. Toutefois, cette position modérée a suscité des réactions mitigées parmi les conservateurs et les partisans anti-avortement.
Kamala Harris : défenseure des droits reproductifs
Kamala Harris, quant à elle, a fait des droits reproductifs un pilier de sa campagne. Elle promet de signer une loi rétablissant le droit fédéral à l’avortement si le Congrès la vote. En liant les interdictions dans certains États à l’influence de Trump, elle espère mobiliser les électeurs en faveur d’une politique plus permissive en matière d’avortement. Sa campagne met aussi en avant des témoignages de femmes touchées par des interdictions d’avortement, comme le cas d’Amber Nicole Thurman, une jeune femme décédée après un retard dans les soins pour une interruption médicale de grossesse en Géorgie.
La procréation médicalement assistée (PMA) est devenue un autre sujet brûlant, notamment après une décision de la Cour suprême de l’Alabama déclarant que les embryons congelés peuvent être considérés comme des enfants, ce qui menace l’accès à ces services dans certains États. Trump a récemment proposé que le gouvernement prenne en charge les frais liés à la PMA, tandis qu’Harris impute à Trump et à la Cour suprême la responsabilité des restrictions menaçant les traitements de fertilité, affirmant que leurs décisions ont « déclenché cette crise. »
Des opinions divergentes chez les électeurs conservateurs
Malgré les efforts de Harris pour rallier les femmes modérées et indépendantes autour de la question de l’avortement, Trump bénéficie d’une certaine indulgence chez des électeurs conservateurs qui ne voient pas l’avortement comme leur priorité principale. Nombre d’entre eux estiment que les décisions sont désormais entre les mains des États et croient que Trump n’imposera pas de restrictions supplémentaires. D’autres électeurs, modérés, continuent de voir en Trump un président socialement modéré, capable de préserver certaines libertés malgré son implication dans la révocation de Roe v. Wade.
Pour Harris, gagner le soutien de femmes indépendantes et de républicaines modérées pourrait être déterminant, tandis que Trump continue de capitaliser sur sa réputation de modéré dans les sphères sociales et sur sa capacité à convaincre qu’il n’étendra pas les restrictions sur l’avortement. En définitive, l’issue de cette élection pourrait se jouer en partie sur la manière dont chacun des candidats saura rassurer ou mobiliser cet électorat divisé.