Abou Sangaré, jeune Guinéen de 23 ans, a ému le public en incarnant le rôle principal dans L’Histoire de Souleymane, un drame poignant réalisé par Boris Lojkine. Récompensé par le Prix d’interprétation masculine dans la section Un certain regard lors du dernier Festival de Cannes, ce comédien amateur voit néanmoins son avenir en France compromis. Son parcours dans la vie réelle est étrangement proche de celui de son personnage : comme Souleymane, Abou est un migrant sans-papiers, ayant traversé l’Afrique et la Méditerranée dans l’espoir de trouver une vie meilleure. Arrivé en France à 16 ans, il est aujourd’hui sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), malgré son intégration et ses efforts pour régulariser sa situation.
Le film, qui met en scène le quotidien difficile d’un jeune migrant guinéen travaillant comme livreur à vélo dans les rues de Paris, résonne particulièrement avec l’histoire personnelle d’Abou. Avant le tournage, le réalisateur a souhaité que le jeune acteur s’immerge dans ce rôle en livrant des repas à vélo pendant deux semaines. Ce réalisme saisissant a contribué à faire de L’Histoire de Souleymane un film salué par la critique et le public. Pourtant, malgré cette reconnaissance, Abou Sangaré continue de faire face à des difficultés administratives. Le 24 juillet 2024, le tribunal administratif d’Amiens a rejeté sa demande de titre de séjour et confirmé l’OQTF, a précisé la préfecture de la Somme à l’AFP. Toutefois, « en raison de son parcours d’intégration », le préfet a sollicité un réexamen de sa situation et un nouveau dossier doit être prochainement déposé.
En attendant la décision des autorités, Abou Sangaré reste optimiste et souhaite reprendre son métier de mécanicien, tout en explorant de nouvelles opportunités dans le cinéma. « Je ne peux rien envisager tant que ma situation n’est pas réglée », confie-t-il avec résignation. Le réalisateur Boris Lojkine, quant à lui, soutient son acteur avec ferveur : « C’est seulement quand il aura ses papiers que j’aurai l’impression d’avoir vraiment terminé ce film. »