Abou Sangaré, primé au Festival de Cannes 2024 pour son rôle bouleversant dans L’Histoire de Souleymane, a finalement obtenu un titre de séjour, comme le révèle Ici Picardie (anciennement France Bleu). Après trois refus successifs, le jeune acteur guinéen a reçu ce mercredi 8 janvier 2025, en préfecture à Amiens, un titre de séjour « salarié » valable un an.
Un parcours semé d’embûches
Arrivé en France à l’âge de 16 ans, Abou Sangaré, formé à la mécanique et installé à Amiens, s’est vu refuser à trois reprises sa demande de régularisation. Pire encore, il était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). C’est grâce à une promesse d’embauche en tant que mécanicien et à la circulaire Valls de 2012, permettant une régularisation par le travail, qu’il a pu obtenir ce précieux sésame.
Sa situation avait attiré l’attention après son rôle marquant dans le film de Boris Lojkine, où il interprétait un livreur de repas à vélo à Paris en quête de régularisation. Ce rôle poignant, étroitement lié à sa propre vie, lui a valu le Prix d’interprétation masculine dans la section Un certain regard à Cannes.
Un soutien décisif et une reconnaissance internationale
Le réalisateur Boris Lojkine, qui avait repéré Abou Sangaré lors d’un casting à Amiens, s’est réjoui de cette régularisation. « C’est une immense victoire. J’avais promis d’accompagner Abou jusqu’à ce qu’il obtienne ses papiers, et aujourd’hui, c’est chose faite », a-t-il déclaré à Ici Picardie. Il a également souligné la difficulté de voir son acteur rester enfermé chez lui, alors même que le film rencontrait un succès critique et public avec plus de 500 000 spectateurs en salle.
Un avenir à construire
Avec ce titre de séjour, Abou Sangaré peut désormais envisager l’avenir avec plus de sérénité. Son avocate, Claire Perinaud, a précisé qu’il demanderait des renouvellements annuels et qu’il pourrait, à terme, obtenir une carte de séjour de longue durée.
L’Histoire de Souleymane, récompensé par le Prix du jury à Cannes, a permis de mettre en lumière le talent d’Abou Sangaré et son parcours inspirant, marqué par la précarité mais aussi par une remarquable résilience. Cette régularisation marque une étape cruciale pour le jeune acteur, qui peut désormais rêver à de nouveaux projets, tant dans le cinéma que dans sa carrière de mécanicien.