« À force de vouloir une gauche pure, on a eu une droite plus dure » : l’avertissement de Nicolas Mayer-Rossignol

07 septembre, 2024 / Entrevue

Le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a vivement critiqué la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Invité ce samedi 7 septembre sur France Info, il a dénoncé ce qu’il qualifie de « déni de démocratie » après la récente désignation de Barnier, figure du parti Les Républicains, à la tête du gouvernement.

Selon Mayer-Rossignol, cette nomination, survenue deux jours après le remaniement gouvernemental et deux mois après des élections législatives anticipées où le Nouveau Front populaire a remporté le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale, est la conséquence d’une stratégie erronée de la gauche. « À force de vouloir une gauche pure, on a eu une droite plus dure », a-t-il déploré, fustigeant l’orientation prise par une partie de son camp qui, selon lui, s’est trop rapprochée de La France insoumise.

Mayer-Rossignol a également exprimé ses doutes quant aux intentions d’Emmanuel Macron, qu’il accuse d’avoir négocié en coulisses avec Marine Le Pen. Il estime que la gauche a échoué à proposer une alternative solide, n’ayant pas su se rallier derrière Bernard Cazeneuve, pressenti pour devenir Premier ministre. Cette incapacité, selon lui, a permis l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement orienté à droite, malgré les résultats des législatives.

Le maire de Rouen a aussi exprimé ses doutes sur les promesses de Michel Barnier de former un gouvernement qui ne serait « pas seulement de droite ». Tout en affirmant que la gauche pourrait soutenir des réformes sociales et fiscales justes, il a tenu à rappeler que l’historique politique de Barnier et de Macron laissait peu d’espoir à cet égard. « Nous ne sommes pas naïfs », a-t-il conclu, soulignant que les orientations politiques actuelles n’allaient pas dans le sens de la justice sociale.

Cette sortie de Mayer-Rossignol illustre les tensions persistantes au sein du Parti socialiste, où l’aile gauche et l’aile modérée peinent à s’accorder sur une stratégie commune face à la montée en puissance de la droite et du Rassemblement national.