Une collection exceptionnelle de 53 bustes d’anciens captifs africains, réalisée au XIXe siècle et conservée dans les réserves du château royal de Blois depuis plus de 80 ans, a enfin révélé son histoire grâce au travail acharné de l’historienne Klara Boyer-Rossol. Exposée sous le nom “Visages d’ancêtres”, cette collection met en lumière des récits oubliés, notamment ceux d’anciens esclaves déportés d’Afrique orientale vers l’île Maurice entre les années 1810 et 1840.
Ces bustes, moulés par l’ethnographe Eugène Huet de Froberville en 1846, représentent principalement des captifs originaires du Mozambique et de la Tanzanie actuels. L’exposition permet de découvrir des figures comme João, captif sauvé par un navire britannique, qui devint travailleur libre à Maurice sous le nom de Dieko du Lily. Selon Boyer-Rossol, les recherches ont permis de “redonner un bout d’histoire à ces bustes”, a-t-elle confié à l’AFP, certains conservant même des restes organiques tels que des cheveux ou des cils.
L’émotion a été d’autant plus forte lorsque des descendants de ces anciens captifs, tels que Doris Lily, ont été retrouvés. Ils ont appris pour la première fois l’origine de leur nom, porté par les captifs libérés à bord du navire britannique Le Lily. « C’est très émouvant de découvrir l’histoire de nos ancêtres », a déclaré Doris Lily lors d’une visite organisée pour les descendants, comme le rapportent nos confrères de France 3.
L’exposition, visible jusqu’au 1er décembre 2024, sera suivie en 2025 par le transfert de la collection au Musée intercontinental de l’esclavage de Port-Louis, à l’île Maurice, pour une durée de cinq ans.