De l’Opéra de Paris à l’Arcom : portrait de Martin Ajdari
Martin Ajdari, 55 ans, a été proposé par Emmanuel Macron pour présider l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), succédant à Roch-Olivier Maistre en février 2025. Haut fonctionnaire reconnu, cet homme de culture et de médias s’apprête à relever un défi stratégique pour le paysage audiovisuel français. Portrait d’un homme au parcours riche et varié.
Un haut fonctionnaire au cœur des institutions publiques
Diplômé de l’ESCP, de Sciences Po Paris et ancien élève de l’ENA (promotion 1995), Martin Ajdari a débuté sa carrière dans les hautes sphères de l’administration publique, au ministère de l’Économie et des Finances. Rapidement, il oriente son parcours vers des fonctions liées aux médias et à la culture.
En 2004, il devient directeur général délégué de Radio France, où il supervise les finances et les ressources humaines. Il poursuit sa trajectoire à France Télévisions, où il occupe de 2010 à 2014 le poste de directeur général délégué aux ressources et secrétaire général. Cette période est marquée par des réformes structurelles dans le secteur de l’audiovisuel public.
Martin Ajdari passe ensuite au ministère de la Culture, où il dirige le cabinet des ministres Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin, avant d’être nommé directeur général des médias et des industries culturelles.
L’Opéra de Paris, laboratoire de gestion et d’inclusion
Depuis janvier 2020, Martin Ajdari est directeur général adjoint de l’Opéra national de Paris. Chargé des fonctions opérationnelles (administratives, financières et commerciales), il accompagne la transformation stratégique de l’établissement.
Il se distingue par son engagement sur les questions de diversité. En 2020, il lance une mission visant à promouvoir l’inclusion au sein de l’Opéra, en remettant en question certaines pratiques traditionnelles, comme la « blancheur » historique du ballet classique. Ce projet, mené avec Constance Rivière et Pap Ndiaye, reflète sa volonté d’adapter les grandes institutions culturelles aux réalités de la société contemporaine.
Un homme de défis pour un secteur en mutation
La nomination de Martin Ajdari à l’Arcom intervient à un moment clé. Anciennement CSA, l’Arcom est aujourd’hui chargée de réguler les médias audiovisuels et numériques, de garantir le pluralisme à l’antenne, et de superviser les plateformes en ligne. Les enjeux sont nombreux : redistribution des fréquences, régulation des contenus numériques, et équilibre entre liberté d’expression et lutte contre la désinformation.
Sa mission s’annonce particulièrement délicate. Dès février 2025, il devra gérer les conséquences de la non-reconduction des fréquences TNT de chaînes comme C8 et NRJ12.
Décrit comme compétent et engagé, Martin Ajdari n’échappe pas aux critiques. Certains voient en lui un profil marqué à gauche, notamment en raison de ses initiatives sur la diversité et son passage au ministère de la Culture. Un cadre de l’Arcom commente : « Encore un homme de gauche à la tête de l’Arcom. »
Cependant, son expérience dans des environnements complexes et sa capacité à naviguer entre les sphères culturelles, administratives et audiovisuelles font de lui un candidat robuste pour ce poste stratégique.
Avec Martin Ajdari, l’Arcom s’offre un président expérimenté, doté d’une vision à la fois culturelle et économique. Son défi sera de concilier régulation, innovation et adaptation aux nouvelles attentes d’un public de plus en plus connecté. Une mission à suivre de près, alors que le paysage médiatique français continue d’évoluer rapidement.