L’entretien de Guillaume Bigot : « la France doit se faire respecter »

28 novembre, 2024 / Marie Falicon

« Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » disait le Général de Gaulle. À tous les niveaux, la France doit user d’un rapport de force pour se faire respecter : face à l’Algérie pour exiger la libération de Boualem Sansal, face aux Comores dans le domaine migratoire et face à l’Union européenne sur le dossier agricole. 

Le député Rassemblement national Guillaume Bigot revient sur la nécessité de ce rapport de force. 

« La France doit faire pression sur l’Algérie »

Placé sous mandat de dépôt par le parquet anti-terroriste algérien, risquant une peine de réclusion à perpétuité, l’écrivain Boualem Sansal peut compter sur le soutien de Guillaume Bigot. Dans une question au gouvernement en hémicycle mardi 26 novembre, il a tenu à porter la voix de son « ami », pour réclamer l’engagement du gouvernement pour sa libération :

« Samuel Paty aimait la liberté d’expression, donc on lui a coupé la tête ; Boualem Sansal aimait la liberté donc on l’a mis en prison. Cet intellectuel a le courage de dire des vérités qui dérangent le régime algérien. Mais que vaut la protection du passeport Français ? »

Pour Guillaume Bigot, la France doit utiliser à son avantage le poids de la rue arabe :

« C’est précisément parce qu’il y a des millions de franco-algériens sur notre sol que la France doit taper du poing sur la table, comme l’avait fait l’Etat algérien avec le jeune Nahel puisqu’il s’agissait d’un bi-national. Si l’Algérie ne nous respecte pas, on doit lui répondre sur le même ton. C’est ça le rapport de force. »

Parmi les leviers de pression : l’immigration et les aides au développement.

Visas, accords préférentiels de 1968, immobilier ou transferts de fonds… autant de leviers de pression dont dispose la France face à l’Algérie. « Combien de dignitaires algériens sont soignés en France ? Combien de leurs enfants y font leurs études ? Combien de biens mal acquis ? » liste Guillaume Bigot. 

Parmi ces leviers : l’aide publique au développement (APD) versée par la France, à hauteur de 842 millions d’euros pour l’Algérie sur les 5 dernières années. Au total, le budget de l’APD déclaré par la France à l’OCDE s’élève à 15 milliards d’euros annuels.

Dans le cadre de son mandat de député et de membre de la Commission des Affaires étrangères, Guillaume Bigot s’est rendu aux Comores pour enquêter sur ces aides. Dans son rapport pour avis budgétaire publié début novembre, il déplore une illisibilité et un manque d’efficacité.

« On donne des centaines de milliers d’euros aux Comores dans l’espoir qu’ils soient gentils avec nous, qu’ils arrêtent de lorgner sur Mayotte et de submerger l’île de leurs ressortissants clandestins. Or, encore une fois, la faiblesse attise la haine. Comprenez bien : on finance des écoles vides d’élèves et de professeurs (car tous préfèrent les écoles coraniques), on impose des études sur le genre (alors que c’est un pays musulman)… C’est non seulement de l’argent jeté à la poubelle mais surtout humiliant pour la France. L’Aide publique au développement doit redevenir une politique de coopération mutuellement avantageuse, où il existe un respect et une compréhension mutuels entre les peuples et les pays concernés. » 

La souveraineté française à l’épreuve de l’Union européenne

Que vaut encore la voix de la France ? Sur le dossier agricole, alors que le monde rural multiplie ses appels à la mobilisation contre l’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, la question du respect de notre souveraineté est plus que jamais d’actualité. 

« Pour gagner une bataille il faut la mener. Comme avec l’Algérie qui embastille Boualem Sansal, il faut taper du poing face à la Commission européenne : la survie de nos agriculteurs en dépend. Mais nos dirigeants, à commencer par Emmanuel Macron, n’ont aucune volonté, sinon de détruire notre pays, de le sacrifier sur l’autel de la mondialisation. » déplore Guillaume Bigot. 

Le gouvernement Barnier aura-t-il le courage d’engager un bras-de-fer avec l’Union européenne ? S’il a tenu à inscrire à l’ordre du jour, mardi 26 novembre, un débat et un vote à l’Assemblée nationale à ce sujet, rien n’est pour autant moins sûr.