« Ils nous ont abandonnés » : ces habitants du nord d’Israël qui critiquent l’accord avec le Hezbollah
Pour la première fois depuis des mois, le calme relatif s’est installé mercredi dans le nord d’Israël. Les sirènes avertissant des attaques en provenance du Liban ne se sont pas déclenchées. Cependant, ce cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, bien que présenté comme une victoire diplomatique par l’administration Biden, suscite colère et inquiétude parmi les habitants de cette région. Ces réactions ont été recueillies par l’agence Reuters, qui a interrogé plusieurs résidents.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a affirmé qu’Israël se réservait le droit d’agir en cas de violation de l’accord par le Hezbollah, groupe armé soutenu par l’Iran. Toutefois, ces déclarations peinent à rassurer des résidents comme Levana Karsenti, habitante de Nahariya, qui s’est confiée à Reuters. « C’est très mauvais, vraiment très mauvais », déplore-t-elle, critiquant un accord qu’elle considère comme une trahison envers les soldats israéliens tombés au combat. « Bibi devrait quitter le gouvernement rapidement, même si je l’ai soutenu. »
Une menace persistante malgré le cessez-le-feu
Depuis le déclenchement de cette escalade liée à la guerre de Gaza, des milliers de civils ont été tués. Les frappes du Hezbollah ont causé la mort de 45 civils dans le nord d’Israël et sur le plateau du Golan, tandis que 60 000 habitants ont dû évacuer leurs domiciles, sans date prévue pour un retour sécurisé.
Avichai Stern, maire de Kiryat Shmona, une ville située à seulement trois kilomètres de la frontière libanaise, a également fait part de ses inquiétudes à Reuters. Il estime que l’accord aurait dû inclure une zone tampon entre Israël et le Liban. « Le Hezbollah utilise des maisons civiles comme bases militaires pour attaquer nos communautés frontalières. C’est inacceptable », déclare-t-il.
Une vigilance accrue, mais une population anxieuse
Malgré le cessez-le-feu, des mouvements suspects de combattants du Hezbollah ont été signalés près de la frontière. L’armée israélienne affirme avoir ouvert le feu pour empêcher leur rapprochement. Les autorités israéliennes se disent confiantes dans leur capacité à détecter et neutraliser toute tentative d’infiltration de grande ampleur, s’appuyant sur la destruction d’infrastructures du Hezbollah dans la région.
Depuis le début du conflit, 73 soldats israéliens ont perdu la vie dans le nord d’Israël, sur le Golan et au sud du Liban. Un responsable de la sécurité israélienne, également interrogé par Reuters, insiste sur le fait qu’une répétition des attaques dévastatrices du 7 octobre 2023 par le Hamas ne sera pas tolérée, que ce soit au Liban ou à Gaza. « Ces jours sont cruciaux », souligne-t-il, appelant à la vigilance face à toute violation de l’accord.
Pour l’heure, les habitants du nord, interrogés par Reuters, restent sceptiques. « Nous devons sentir nous-mêmes que c’est sûr », conclut un officiel, renvoyant à une décision individuelle le retour des évacués. En attendant, la méfiance et la frustration continuent de dominer dans cette région traumatisée.