Bilan d’Anne Hidalgo à Paris : des milliers d’habitants en moins et des milliards d’euros de dettes en plus

27 novembre, 2024 / Entrevue

À l’approche des élections municipales de 2026, le bilan des deux mandats d’Anne Hidalgo fait l’objet d’un examen minutieux. La maire de Paris, qui a récemment annoncé dans Le Monde qu’elle ne briguerait pas un troisième mandat, laisse derrière elle un héritage marqué par deux chiffres frappants : Paris a perdu plus de 138 000 habitants depuis 2014, et sa dette a plus que doublé, passant de 4 à 10 milliards d’euros. Si elle s’apprête à tourner la page, les conséquences de sa gestion continuent d’alimenter les débats.

Un exode urbain inquiétant

Selon les données de l’INSEE, la population parisienne est passée de 2,24 millions d’habitants en 2012 à 2,10 millions en 2023, marquant une perte de 138 000 habitants en seulement dix ans. Cette dépopulation s’explique par plusieurs facteurs : le coût de la vie exorbitant, une taxe foncière en forte hausse (+50 % depuis 2022), et la réduction de l’attractivité économique de la capitale. Les classes moyennes, particulièrement impactées par l’augmentation des charges fiscales et des loyers, quittent Paris en quête de conditions de vie plus abordables en périphérie.

Sur le plan financier, la situation est tout aussi alarmante. La dette de la Ville a explosé, passant de 4 milliards d’euros en 2014 à plus de 9 milliards en 2024, et pourrait atteindre les 10 milliards en 2026 selon les prévisions. Une augmentation vertigineuse qui entraîne un coût annuel de 225 millions d’euros en intérêts.

Alors que la municipalité défend ses choix en invoquant des investissements nécessaires pour moderniser la capitale et répondre aux défis du changement climatique, ses détracteurs dénoncent une « fuite en avant budgétaire ». Les dépenses de fonctionnement ont bondi de 27 % depuis 2013, atteignant plus de 9 milliards d’euros en 2024, contre une épargne brute de seulement 385 millions d’euros. Ce déséquilibre structurel limite la capacité d’investissement de la Ville.

Les critiques de l’opposition

L’opposition, de gauche comme de droite, fustige une gestion irresponsable. Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, parle d’un « naufrage » dû à une explosion des dépenses sans contrepartie pour les Parisiens. Pierre-Yves Bournazel, candidat Horizons, n’hésite pas à comparer Paris à un État qui aurait été sanctionné par la Commission européenne pour sa dette excessive. La Chambre régionale des comptes, quant à elle, souligne depuis 2022 la perte de marges de manœuvre financières.

Face à ces critiques, Anne Hidalgo et son équipe se défendent en s’appuyant sur la stabilité de la note « AA » attribuée par les agences de notation telles que Standard & Poor’s et Moody’s. Ces dernières mettent en avant la richesse patrimoniale de Paris, estimée à 45 milliards d’euros. Cependant, cette « fausse illusion de richesse », selon l’économiste Christian Saint-Étienne, masque la réalité de l’endettement croissant et la pression fiscale insupportable pour les habitants.

L’héritage Hidalgo en question

Alors qu’Anne Hidalgo s’apprête à quitter la scène municipale, son bilan financier et démographique constitue un véritable casse-tête pour son successeur. La dette record et l’exode des classes moyennes laissent une capitale fragilisée. Pour les Parisiens, ces deux mandats marqueront une période de bouleversements majeurs, dont les effets se feront sentir bien au-delà de 2026.

Seuls les électeurs pourront décider si cet héritage pèsera dans leur choix lors des prochaines élections municipales. Une chose est sûre : Paris devra repenser ses priorités pour renouer avec sa vitalité économique et sociale.