Face à l’opposition, Barnier tente de sauver son gouvernement

27 novembre, 2024 / Radouan Kourak

La situation politique en France s’envenime. Le gouvernement minoritaire de Michel Barnier fait face à une menace imminente de censure. L’exécutif pourrait être renversé dès la semaine prochaine, à l’occasion du débat sur le budget de la Sécurité sociale, si l’article 49.3 de la Constitution est utilisé pour imposer le texte sans vote.

Un gouvernement fragile, un contexte tendu

Nommé en septembre dernier après la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, Michel Barnier dirige un exécutif en difficulté. Divisé sur des mesures d’austérité et des hausses d’impôts, il peine à convaincre dans un contexte économique tendu. La France, avec un déficit public attendu à 6,2 % du PIB cette année, est l’un des mauvais élèves de l’Union européenne.

Face à cette situation, les oppositions, qu’elles soient de gauche ou d’extrême droite, envisagent une union de circonstance pour déposer une motion de censure. Selon Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement national (RN), les politiques du gouvernement « sacrifient le pouvoir d’achat des Français ».

Des négociations en coulisses

Si les relations entre Matignon et le RN ont longtemps été marquées par une indifférence mutuelle, des discussions ont récemment émergé. Selon des informations d’Europe 1, des négociations discrètes se poursuivent autour des « lignes rouges » du RN : la hausse des taxes sur l’électricité, le malus automobile, et la réduction du budget de l’Aide médicale d’État.

Marine Le Pen continue toutefois de maintenir la pression, exigeant des engagements clairs sur des mesures telles que l’abandon du déremboursement de médicaments ou la désindexation des retraites.

Michel Barnier, quant à lui, tente de désamorcer la crise. Lors d’un entretien sur TF1, il a affirmé vouloir « protéger les petites retraites » et « répondre calmement » aux préoccupations des Français. Malgré ces déclarations, l’opposition reste sceptique sur sa capacité à tenir ses promesses.

Les risques d’une censure

Le gouvernement met en garde contre les conséquences d’une éventuelle censure. Maud Bregeon, porte-parole de l’exécutif, a déclaré que renverser Michel Barnier « enverrait le pays dans le mur » et « affaiblirait durablement » la France sur la scène internationale.

Sur le plan économique, les tensions politiques font déjà sentir leurs effets. La Bourse de Paris est en net repli, avec le CAC 40 en baisse de 1,03 % ce mercredi matin. Les taux d’intérêt français atteignent également des niveaux inquiétants, augmentant le coût de la dette nationale.

Alors que les jours à venir s’annoncent décisifs, la France semble suspendue à un fragile équilibre politique. Si une motion de censure était votée, elle pourrait marquer la fin du mandat de Michel Barnier, qui deviendrait l’un des Premiers ministres les plus éphémères de la Cinquième République.

Dans un tel scénario, le RN risquerait d’être vu comme un « parti contestataire » plutôt qu’une force de proposition, tandis que la gauche devrait justifier une alliance de circonstance avec l’extrême droite. Une question demeure : les concessions que Barnier pourrait encore offrir suffiront-elles à éviter le pire ?