La Ligue des droits de l’homme appelle à des révisions urgentes du dictionnaire de l’Académie française
La neuvième édition du dictionnaire de l’Académie française, remise au président Emmanuel Macron le 14 novembre 2024, suscite une vive polémique. La Ligue des droits de l’homme (LDH) critique certaines définitions qu’elle juge archaïques, racistes ou discriminantes, et exhorte l’Académie à procéder à des modifications immédiates. Ce travail de longue haleine, débuté il y a quarante ans, comprend 59 000 mots et succède à l’édition précédente datant de 1935.
Des termes jugés racistes et problématiques
Parmi les critiques de la LDH, figurent des définitions telles que celles de « négrillon », décrit comme un « petit enfant noir », et « négroïde », définissant une personne présentant « certaines caractéristiques morphologiques des populations noires ». Ces termes ne sont pas accompagnés de mise en garde indiquant leur caractère péjoratif ou discriminant, selon l’association. De même, la définition de « race », qui associe les groupes humains à des critères physiques liés à l’isolement géographique prolongé, est qualifiée de scientifiquement dépassée. Ces choix lexicographiques refléteraient, selon la LDH, une vision désuète et problématique des relations humaines.
Une vision critiquée des genres et des orientations sexuelles
La définition du mot « femme » est également pointée du doigt pour sa réduction à une description biologique : « être humain défini par ses caractères sexuels qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants ». La LDH s’interroge sur l’inclusion des femmes ménopausées ou stériles dans cette définition. Par ailleurs, l’hétérosexualité est décrite comme une relation « naturelle » entre les sexes, laissant entendre, selon l’association, que d’autres orientations sexuelles ne le seraient pas.
Une réponse attendue de l’Académie française
Face à ces critiques, l’Académie française n’a pas encore répondu officiellement. Cependant, lors de la remise du dictionnaire, elle avait annoncé qu’une mise à jour rapide pourrait être envisagée dans la version en ligne, sans attendre une révision complète, habituellement réalisée par ordre alphabétique.
Cette controverse souligne les tensions entre la tradition linguistique et les évolutions sociétales. Elle pose également des questions sur la neutralité idéologique des ouvrages de référence, dans un contexte où le langage joue un rôle clé dans les débats sur les valeurs et les droits humains.