Mercosur : un rejet massif à l’Assemblée nationale française
L’Assemblée nationale française a exprimé, ce mardi 26 novembre, son large soutien à la position gouvernementale contre le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Par un vote écrasant de 484 voix contre 70, les députés ont validé le refus « en l’état » de cet accord, jugé nuisible pour l’agriculture française. Le Sénat se prononcera à son tour ce mercredi, dans ce qui apparaît comme une étape décisive pour renforcer la position française à l’échelle européenne.
Un rejet quasi-unanime mais nuancé
Pendant les débats, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a dénoncé des conditions de concurrence défavorables aux agriculteurs français, tout en soulignant les lacunes environnementales et sanitaires de l’accord. Malgré des divergences sur la méthode, l’ensemble des groupes politiques s’est accordé sur le rejet de cet accord. Les députés du « socle commun » ont plaidé pour des amendements éventuels, estimant qu’il ne fallait pas exclure tout accord de libre-échange par principe. À l’opposé, les insoumis et écologistes ont exprimé un refus catégorique, rejetant l’idée même d’un accord avec le Mercosur.
Ce rejet français trouve un écho en Pologne. Le gouvernement polonais a officialisé, le même jour, son opposition au projet dans sa forme actuelle, invoquant des préoccupations similaires concernant l’agriculture et la sécurité alimentaire. Le vice-premier ministre polonais, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, a évoqué des efforts diplomatiques en cours pour rassembler une minorité de blocage au sein de l’UE. Une démarche saluée par Paris, qui espère ainsi rompre son isolement dans ce dossier.
La colère des agriculteurs sur le terrain
Alors que le débat politique se poursuit, les agriculteurs français maintiennent une forte pression. Ce mardi, des actions symboliques ont eu lieu dans plusieurs régions : un cortège funèbre à Perpignan avec un cercueil porté jusqu’à la préfecture, des barrages filtrants à Poitiers et des blocages sur des plateformes logistiques. Ces manifestations, organisées par l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs, visent à dénoncer les entraves à leur activité et les insuffisances des réponses politiques, notamment sur l’usage des pesticides autorisés au niveau européen mais interdits en France.
Ces mobilisations interviennent dans un contexte de frustration croissante. Malgré une année marquée par des actions historiques, les agriculteurs estiment que les avancées obtenues restent insuffisantes. À quelques semaines des élections professionnelles agricoles, les tensions se cristallisent autour de revendications cruciales pour la survie des exploitations face à la concurrence internationale.
Un signal fort pour l’Europe
Le vote de l’Assemblée nationale, bien que non contraignant, constitue un « mandat démocratique » pour le gouvernement, comme l’a souligné la ministre déléguée au Commerce extérieur, Sophie Primas. Ce soutien politique confère à la France une légitimité accrue pour défendre sa position auprès des institutions européennes. En unissant leurs forces, Paris et Varsovie espèrent peser davantage face à la Commission européenne et freiner l’entrée en vigueur d’un accord qui divise profondément le continent.