l’Ukraine accuse Moscou d’« activités génocidaires » via l’usage de mines antipersonnel

26 novembre, 2024 / Entrevue

Lors d’un sommet international à Siem Reap, au Cambodge, le ministère ukrainien de la Défense a dénoncé les « activités génocidaires » menées par la Russie à travers l’emploi de mines antipersonnel en Ukraine. Oleksandr Riabtsev, représentant ukrainien, a accusé Moscou d’avoir disséminé ces armes meurtrières dans des zones civiles, y compris « des villes, des exploitations agricoles et des stations de transport public », mettant en péril la vie de six millions d’habitants.

Renoncement aux engagements de la Convention d’Ottawa

Dans ce même cadre, Kiev a annoncé suspendre son engagement à détruire les mines héritées de l’époque soviétique, une obligation issue de la Convention d’Ottawa, ratifiée par l’Ukraine. « La destruction des stocks n’est pas réalisable actuellement », a déclaré Yevhenii Kivshyk, un autre haut responsable ukrainien. Cette décision, justifiée par le redéploiement des ressources pour l’effort de guerre et les contraintes logistiques causées par l’invasion russe, suscite un vif débat.

Près de 2,5 millions de mines ont déjà été détruites sur les six millions héritées de l’ère soviétique. Néanmoins, le gouvernement ukrainien reste flou sur le sort des stocks restants, et n’a pas évoqué l’offre américaine de fournir à Kiev des mines antipersonnel destinées à ralentir l’avancée des troupes russes.

Les critiques des ONG et manifestations à Siem Reap

Les propositions américaines ont provoqué une vague d’indignation parmi les ONG. Tamar Gabelnick, directrice de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel (ICBL), a dénoncé un « mépris flagrant des obligations internationales ». « Ces armes n’ont pas leur place dans une guerre moderne », a-t-elle affirmé, appelant Kiev à préserver son engagement envers la Convention d’Ottawa.

Aux abords du sommet, des manifestants, parmi lesquels des victimes de mines terrestres, ont plaidé pour une interdiction stricte de ces munitions. Sur leurs pancartes, on pouvait lire des slogans tels que : « Une mine aujourd’hui, un enfant tué demain ».

Des mines qui continuent de tuer

Les mines terrestres et les restes explosifs de guerre tuent principalement des civils. En 2023, elles ont causé plus de 5 700 victimes dans le monde, selon les chiffres de l’ICBL. Parmi les pays les plus touchés figurent la Birmanie, la Syrie, l’Afghanistan et l’Ukraine, cette dernière comptant 580 victimes sur la seule année écoulée.

Ce sommet se déroule dans un climat de fortes tensions internationales. En Ukraine, une attaque record impliquant 188 drones russes a frappé dans la nuit de lundi à mardi, endommageant des infrastructures essentielles. Parallèlement, Moscou a récemment testé un missile balistique expérimental et promis de multiplier les attaques si Kiev continue d’utiliser des missiles fournis par l’Occident.

Face à cette escalade, les membres de l’OTAN se sont réunis à Bruxelles pour réaffirmer leur soutien à l’Ukraine, bien que la perspective d’un soutien militaire américain diminue avec l’hypothèse d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

En dépit des menaces croissantes de Moscou, le chef du Comité militaire de l’OTAN, l’amiral Rob Bauer, a assuré que les alliés ne laisseraient pas Vladimir Poutine imposer ses conditions. « Nous continuerons à soutenir l’Ukraine », a-t-il insisté.