Marine Le Pen dénonce « des fausses informations » sur un risque de non-paiement des fonctionnaires sans budget adopté

26 novembre, 2024 / Entrevue

Dans une tribune publiée ce mardi dans Le Figaro, Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale, accuse le gouvernement de propager des « fausses informations » concernant un prétendu risque de paralysie des services publics et de non-paiement des fonctionnaires si la France ne parvenait pas à adopter un budget pour 2025.

Un « shutdown » à l’américaine ? « Impossible », selon Le Pen

Réagissant aux récentes déclarations alarmistes de membres du gouvernement, Marine Le Pen affirme qu’un tel scénario est juridiquement infondé. Elle rappelle que, même en cas de rejet du budget ou de censure du gouvernement, « l’impôt serait levé, les fonctionnaires payés, les pensions versées, et les soins médicaux remboursés ».

Elle évoque la possibilité pour un gouvernement censuré d’adopter, dans le cadre des affaires courantes, une loi permettant de reconduire le budget de l’année précédente, « en attendant un nouveau gouvernement et une loi de finances formelle ». Cette situation serait un « pis-aller », reconnaît-elle, mais elle éviterait, selon elle, les conséquences économiques et sociales graves redoutées par l’exécutif.

Un contre-budget pour redresser les comptes publics

Marine Le Pen reproche au gouvernement de ne pas avoir pris en compte les propositions budgétaires du RN, détaillées dans un « contre-budget » présenté par Jean-Philippe Tanguy. Ce document prône notamment des économies structurelles sur les dépenses publiques, des mesures pour préserver le pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes, ainsi que des allègements fiscaux pour les entreprises.

Elle fustige le projet de budget 2025 du gouvernement, qualifié de « budget de récession et de punition », pointant du doigt les 40 milliards d’euros d’impôts supplémentaires prévus, dont 20 milliards qui, selon elle, « pèseraient directement sur nos entreprises, menaçant 400 000 emplois ».

« Le vrai risque, ce sont les fake news »

Pour Marine Le Pen, le véritable danger réside moins dans une crise budgétaire que dans la désinformation propagée par le gouvernement. Elle dénonce une « instrumentalisation de la peur » et accuse les responsables politiques en place de chercher à faire du RN un bouc émissaire pour masquer leur incapacité à gouverner et à dialoguer avec l’opposition.

Cette tribune intervient dans un contexte de tensions croissantes à l’Assemblée nationale, alors que le gouvernement de Michel Barnier pourrait recourir à l’article 49.3 pour faire adopter ses budgets sans vote. Une motion de censure, que le RN n’exclut pas de soutenir, pourrait provoquer une chute du gouvernement, un scénario redouté par plusieurs membres de la majorité qui y voient un risque de « crise de régime et de crise financière », selon les mots du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Pour Marine Le Pen, l’enjeu dépasse le simple cadre budgétaire. « L’objet du vote d’un budget, c’est l’expression démocratique d’un projet politique », affirme-t-elle, appelant à un débat de fond plutôt qu’à des campagnes de peur.