Soumission chimique : vers une meilleure prise en charge des victimes
À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le Premier ministre Michel Barnier a présenté une série de mesures visant à renforcer la prévention et la prise en charge des victimes de soumission chimique. Ces annonces surviennent dans un contexte marqué par le procès des viols de Mazan, qui met en lumière l’ampleur et la gravité de ces actes.
Des kits remboursés pour détecter la soumission chimique
Michel Barnier a annoncé l’expérimentation, dans plusieurs départements, de kits individuels permettant de détecter une soumission chimique, remboursés par l’Assurance maladie. « L’objectif est d’adapter nos règles et dispositifs de prévention pour mieux accompagner les potentielles victimes, » a déclaré le Premier ministre lors d’une visite à la Maison des femmes de l’Hôtel-Dieu à Paris. Cette initiative, réclamée depuis octobre par le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), répond à une demande croissante d’outils accessibles pour détecter rapidement ces agressions.
Sandrine Josso, députée Modem et elle-même victime présumée de soumission chimique, avait plaidé pour la création de kits disponibles en pharmacie sur prescription médicale. Ces tests, utilisables même sans dépôt de plainte, visent à améliorer la prise en charge des victimes dès les premiers signes suspects.
Un arsenal renforcé contre les violences faites aux femmes
Outre cette mesure phare, le gouvernement a annoncé l’élargissement du dispositif permettant aux femmes de déposer plainte à l’hôpital, qui sera étendu à de nouveaux établissements de santé. Une campagne d’information sur la soumission chimique sera également lancée, tandis que le budget de l’aide universelle d’urgence pour les victimes de violences sexuelles et conjugales sera augmenté.
Ces annonces résonnent particulièrement en cette journée, marquée par les réquisitions au procès des viols de Mazan, une affaire qui incarne l’horreur de la soumission chimique et du viol en série. Dominique Pelicot, principal accusé, encourt la peine maximale de vingt ans de réclusion pour des faits d’une gravité exceptionnelle.
Selon les avocats généraux Laure Chabaud et Jean-François Mayet, le dossier contient des preuves accablantes : plus de 20 000 photos et vidéos, documentant des agressions sur une victime rendue inconsciente par des substances chimiques. « La soumission chimique constitue une circonstance aggravante qui démontre l’absence totale de consentement, » a affirmé Laure Chabaud lors de son réquisitoire.
Le cas de Gisèle Pelicot, victime principale et figure centrale du procès, illustre l’impact dévastateur de ces crimes. Malgré les symptômes physiques qu’elle a subis — douleurs, infections, traumatismes —, aucune investigation toxicologique n’avait été menée à l’époque des faits. La magistrate a insisté sur l’importance de sensibiliser et de renforcer les outils de détection pour éviter de telles omissions à l’avenir.
Un enjeu sociétal majeur
Ce procès, qualifié d’ »historique » par le parquet, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles et la soumission chimique. Les mesures annoncées par le gouvernement visent non seulement à mieux accompagner les victimes, mais aussi à prévenir de nouveaux drames. Pour Michel Barnier, le procès des viols de Mazan sera « un avant et un après » dans la prise en compte de ces enjeux.
En redonnant la parole aux victimes et en développant des dispositifs concrets, la lutte contre la soumission chimique avance, mais le chemin reste encore long pour mettre fin à ces crimes insupportables.