L’Allemagne en crise politique : Olaf Scholz se présente en « chancelier de la paix »
Le chancelier allemand Olaf Scholz s’apprête à être officiellement désigné, ce lundi 25 novembre, comme chef de file du Parti social-démocrate (SPD) pour les élections législatives anticipées prévues en février 2025. Une tâche ardue attend celui qui devra surmonter une impopularité grandissante, le spectre de la débâcle électorale, et la division au sein de son propre camp.
Une candidature sans rival, mais fragilisée
Jeudi dernier, le très populaire ministre de la Défense, Boris Pistorius, a mis fin aux spéculations en renonçant à briguer la chancellerie. Soutenant Scholz, il l’a décrit comme « un excellent chancelier » incarnant « la raison et la pondération ». Ce retrait laisse le champ libre à Scholz, qui devra cependant convaincre un parti déchiré par les rivalités internes.
Avec seulement 15 % des intentions de vote dans les sondages, le SPD se retrouve loin derrière la CDU/CSU (33 %) et même l’AfD, parti d’extrême droite (18 %). « Olaf Scholz est probablement le candidat le plus faible que le SPD ait jamais présenté », assène le magazine Der Spiegel.
Le gouvernement de Scholz, formé avec les Verts et les Libéraux en 2021, a volé en éclats début novembre en raison de désaccords budgétaires profonds. Les tensions internes, les différends perpétuels, et la crise industrielle actuelle en Allemagne n’ont fait qu’aggraver la situation.
Surnommé le « Scholzomat » pour son style monotone, le chancelier mise sur sa réputation de gestionnaire expérimenté pour inverser la tendance. Il rappelle volontiers sa victoire inattendue en 2021, où il avait su tirer parti des divisions conservatrices pour s’imposer.
Une stratégie tournée vers la prudence et la paix
Face aux critiques, Olaf Scholz met en avant une approche mesurée dans le soutien militaire à l’Ukraine. Il refuse notamment d’envoyer des missiles Taurus capables de frapper le territoire russe, une position approuvée par 61 % des Allemands selon un récent sondage.
Son entretien téléphonique avec Vladimir Poutine a suscité des controverses en Europe, mais les militants sociaux-démocrates berlinois saluent cette initiative diplomatique. Scholz se présente comme le « chancelier de la paix », espérant séduire un électorat pacifiste attaché à l’héritage de retenue militaire de l’Allemagne.
Un défi de taille pour le SPD
Le chemin s’annonce toutefois semé d’embûches. Scholz doit composer avec un parti divisé. La section jeunesse du SPD a dénoncé une gestion « chaotique » et un candidat déconnecté. En congrès, certains militants peinent même à évoquer son nom, témoignant d’un profond malaise.
Pour ses soutiens, le chancelier est néanmoins un « professionnel » aguerri, capable de naviguer à travers les crises. Anke Rehlinger, cheffe de l’exécutif régional de Sarre, insiste sur son expérience et sa résilience : « Il a déjà surmonté de multiples crises. »
Alors que Friedrich Merz, candidat de la CDU, apparaît comme le grand favori, Scholz tente de recentrer le débat sur les acquis sociaux et la lutte contre les inégalités, des thèmes traditionnels du SPD.
Malgré les obstacles, le chancelier croit en ses chances. À trois mois du scrutin, le SPD doit se ressouder rapidement pour éviter la débâcle. Scholz, lui, mise sur sa capacité à défier les pronostics et sa stratégie de prudence pour rallier un électorat en quête de stabilité.
Le verdict des urnes, attendu le 23 février, dira si cette approche suffira à sauver un parti en crise et à maintenir Scholz au pouvoir.