Le RN remporte la mairie de Rognac : une victoire historique après 30 ans dans les Bouches-du-Rhône

25 novembre, 2024 / Entrevue

Pour la première fois en trois décennies, le Rassemblement national (RN) s’impose dans une commune des Bouches-du-Rhône. Christophe Gonzalez, candidat du parti dirigé par Jordan Bardella, a remporté dimanche 24 novembre la mairie de Rognac lors des élections municipales anticipées. Avec 38,24 % des suffrages, il devance Willy Nicollet (divers droite), qui obtient 34,65 %, ainsi que la maire sortante, Sylvie Miceli-Houdais (UDI, 13,84 %), et Maël Vala-Viaux (sans étiquette, 13,09 %).

Cette victoire marque un tournant pour le RN dans le département, près de 30 ans après les succès du Front national à Marignane (1995) et Vitrolles (1997). Christophe Gonzalez, natif de Rognac, a salué une « décision courageuse » des électeurs, affirmant : « Les Rognacais ont élu un Rognacais, candidat du Rassemblement national. Ils n’ont pas cédé à la pression ni aux appels à un barrage républicain. »

Une campagne tendue et une quadrangulaire inédite

Ces municipales anticipées faisaient suite à une crise politique locale. La maire sortante, Sylvie Miceli-Houdais, avait vu son mandat fragilisé par des accusations d’usage abusif de la carte bancaire municipale pour des dépenses personnelles, qu’elle a démenties. Plusieurs élus avaient démissionné, entraînant la tenue de ce scrutin.

Dès le premier tour, Christophe Gonzalez s’était imposé en tête, ouvrant la voie à une quadrangulaire inédite après l’absence d’accord entre les candidats pour un front républicain. La tension était palpable tout au long de la campagne, marquée par des accusations de diffamation, des menaces, et même des graffitis injurieux.

Le second tour a confirmé la dynamique en faveur de Gonzalez, qui a creusé un écart de 191 voix face à Nicollet, ancien adjoint municipal. Malgré les polémiques, le candidat du RN a promis une « gestion transparente et proche des citoyens ».

Une victoire symbolique pour le RN

Au niveau national, cette victoire est perçue comme un signal fort à l’approche des municipales de 2026. Jordan Bardella, président du RN, a salué « une belle victoire » et y voit un « présage favorable pour l’avenir ». Franck Allisio, député RN et chef du parti dans les Bouches-du-Rhône, a quant à lui souligné « une victoire historique, symbole du retour du RN dans le département ».

Les cadres locaux et nationaux du RN se sont réjouis de ce succès, rappelant l’importance des élections municipales dans la stratégie d’ancrage du parti. Le maire de Fréjus, David Rachline, a également adressé ses félicitations, affirmant : « Christophe Gonzalez incarne le renouveau et le sérieux que nos concitoyens attendent. »

La défaite des autres candidats met en lumière les divisions des oppositions locales. L’absence d’alliance a clairement joué en défaveur d’un front commun contre le RN. Sylvie Miceli-Houdais, qui a perdu son siège, a néanmoins promis de « faire le maximum pour accompagner la transition jusqu’à la fin de son mandat provisoire ».

Willy Nicollet, quant à lui, a reconnu que le maintien des quatre listes avait compliqué la tâche de ses partisans : « Cette élection montre que dans une commune de 12 000 habitants, les stratégies classiques de barrage ne suffisent plus. »

Malgré un taux de participation modéré (52,07 %), cette élection municipale marque un tournant pour Rognac et pour le paysage politique des Bouches-du-Rhône, où le RN entend poursuivre son implantation locale.