Tensions autour du budget : le RN met la pression sur le gouvernement Barnier
Ce dimanche, Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national (RN), a vivement critiqué Michel Barnier, Premier ministre, l’accusant de « créer les conditions d’une censure ». Ces déclarations interviennent à la veille d’une rencontre entre Barnier et Marine Le Pen, dans un contexte de tensions croissantes autour du projet de budget 2024.
Un désaccord de fond sur le budget
Pour Sébastien Chenu, la proposition budgétaire de Michel Barnier reflète une continuité avec la politique d’Emmanuel Macron, loin de la rupture réclamée par le RN. « On n’achète pas des opposants politiques avec de la verroterie. Ce n’est pas en gommant deux, trois petites choses à la marge que Michel Barnier va changer la logique de son budget », a-t-il déclaré sur LCI.
Le député du Nord a listé plusieurs points de désaccord majeurs :
- Les retraites, avec notamment l’idée des « sept jours travaillés gratuitement ».
- Les hausses de coût, comme celles de l’électricité ou de la contribution française à l’Union européenne.
- La fiscalité, avec le malus automobile et l’augmentation des frais de notaire.
- L’absence de réformes structurelles sur le millefeuille administratif ou sur la maîtrise de l’immigration.
Selon Chenu, « rien n’a été retenu » des propositions avancées par son parti.
Les conséquences d’une censure : le RN se veut rassurant
Face aux inquiétudes soulevées par une éventuelle censure, notamment le risque d’un blocage économique évoqué par Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, Chenu a tenu à apaiser les craintes. « Il ne faut pas faire peur aux Français pour rien », a-t-il affirmé.
Il a précisé que, dans le cas où le budget serait rejeté, une loi spéciale permettrait de maintenir les services publics et l’activité économique jusqu’à l’adoption d’un nouveau budget. « Nous sommes des gens tout à fait responsables », a-t-il ajouté, soulignant que le RN mesurerait pleinement les conséquences d’une telle décision.
Macron sous pression : hypothèses et scénarios
En cas de censure, Chenu a énuméré les options qui s’offriraient au président de la République :
- Renommer Michel Barnier ou désigner un nouveau Premier ministre.
- Déclencher un référendum sur une question clé pour sortir de l’impasse.
- Ou, en dernier recours, démissionner.
Cette dernière hypothèse a été évoquée plus explicitement par Philippe Ballard, député RN, qui a déclaré sur Franceinfo : « On n’a pas à l’appeler à démissionner. Il pourrait prendre ses responsabilités. Ça peut être une des portes de sortie. »
Avec une majorité relative à l’Assemblée nationale, Michel Barnier est confronté à des menaces grandissantes de censure. L’adoption de son budget pourrait passer par l’article 49.3, risquant d’entraîner une motion de censure et la chute du gouvernement si elle était adoptée.
Le Premier ministre, qui commence cette semaine des consultations avec les chefs de groupes parlementaires, doit faire face à une opposition déterminée. Une alliance entre le RN et les voix de gauche du Nouveau Front Populaire pourrait suffire à renverser son gouvernement.
Parallèlement, des dissensions internes compliquent également la tâche de Barnier. Le groupe macroniste EPR, mené par Gabriel Attal, exprime son opposition à des mesures jugées pénalisantes pour les entreprises, notamment « la hausse du coût du travail ».
Alors que Michel Barnier s’apprête à rencontrer Marine Le Pen ce lundi, les tensions autour du budget cristallisent les fractures politiques. Entre un RN exigeant une rupture radicale, une gauche remaniant le texte au Sénat, et des partenaires macronistes divisés, l’avenir de ce projet budgétaire semble plus incertain que jamais.